Irritabilité chez l'enfant et l'adolescent : contribution à la caractérisation du trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle et proposition d'un modèle étiologique développemental basé sur les mécanismes de simulation-prédiction
Auteur / Autrice : | Xavier Benarous |
Direction : | Jean-Marc Guilé |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie-Santé. Neurosciences |
Date : | Soutenance le 04/11/2020 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences, technologie et santé (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe de recherches sur l'analyse multimodale de la fonction cérébrale (Amiens ; 2004-....) |
Jury : | Président / Présidente : David Cohen |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Guilé, Diane Purper-Ouakil, Mario Speranza, Luc Vandromme | |
Rapporteur / Rapporteuse : Diane Purper-Ouakil, Mario Speranza |
Mots clés
Résumé
Le diagnostic de Trouble Disruptif avec Dysrégulation Emotionnelle (TDDE) a été proposé en 2013 pour caractériser les difficultés de jeunes qui souffrent d'une irritabilité chronique accompagnée de crises de rage répétées disproportionnées à l'âge de développement. Bien que les jeunes avec un TDDE présentent très fréquemment des troubles externalisés associés (ex : trouble des comportements perturbateurs, trouble déficit de l'attention), les facteurs de risque et l'évolution naturelle du TDDE les rapprochent des troubles dépressifs. La plupart des travaux sur l'étiologie du TDDE se sont focalisées sur des perturbations cognitives (anomalie des systèmes de réponses à la menace, perturbations des systèmes de la récompense, déficit des mécanismes d'inhibition motrice) sur le modèle des études conduites sur la dépression de l'adulte. Ce modèle tient très peu compte (1) du rôle des interactions parents/enfant et enfant/enfants, (2) du rôle des compétences motrices, et (3) du développement du langage dans le développement des capacités de catégorisation des émotions. Barrett-Fedelman a proposé un modèle constructiviste des émotions qui souligne l'importance des systèmes de simulation-prédiction des conséquences intéroceptives de nos actions dans l'expérience émotionnelle. Cette hypothèse permet de rendre compte de l'importance de l'environnement dans le développement des capacités de catégorisation des émotions. Les interactions répétées et synchrones avec les parents aident l'enfant à affiner de façon probabiliste son système de simulation-prédiction pour mieux prédire son environnement interne et externe (en particulier les réactions des partenaires interactifs). L'attribution d'états émotionnels à l'enfant, puis les conversations avec l'entourage permettent à l'enfant de rendre compte de ses perceptions en y attachant un concept émotionnel appris. L'enrichissement des échanges avec le milieu permet à l'enfant de partager, synchroniser, et continuer d'affiner ses catégories émotionnelles. Notre première hypothèse de travail est que les jeunes avec un TDDE présentent un trouble affectant le développement des compétences émotionnelles, en particulier la catégorisation des émotions. Les symptômes de TDDE doivent apparaitre dans la petite enfance en se dévoilant à mesure que les exigences de l'environnement deviennent plus importantes, à la différence des jeunes avec un trouble dépressif épisodique. Notre seconde hypothèse est que les jeunes avec un TDDE présentent des difficultés dans des dimensions développementales impliquées dans l'émergence des capacités de régulation des émotions. La fréquence des troubles du langage et de la motricité devrait être plus importante chez les jeunes avec TDDE comparée aux jeunes avec un trouble dépressif épisodique. Notre troisième hypothèse est que les jeunes avec TDDE présentent davantage de troubles d'intégration sensori-motrice comparés aux jeunes avec un trouble dépressif épisodique. En effet des problèmes d'intégration des information perceptives peut se traduire par des difficultés pour construire une représentation élaborée et stable des perceptions. En conséquence ces jeunes pourraient présenter plus des difficultés à catégoriser leurs expériences sous forme de concept émotionnel sur la base d'invariants perceptifs