Thèse soutenue

Une "certaine latitude". Santé et autonomie dans la décision médicale et la relation de soin en médecine interne
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Auteur / Autrice : Agathe Camus
Direction : Marie Gaille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epistémologie, histoire des sciences et des techniques. Philosophie
Date : Soutenance le 03/07/2019
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Savoirs scientifiques : Epistémologie, Histoire des sciences, Didactique des disciplines (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Sciences philosophie histoire (Paris ; 2009-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Sarah Carvallo
Examinateurs / Examinatrices : Marie Gaille, Sarah Carvallo, Marta Spranzi, Arnaud François, Guillaume Le Blanc, Régis Aubry
Rapporteurs / Rapporteuses : Marta Spranzi, Arnaud François

Résumé

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Cette thèse prend en considération l’articulation des concepts de santé et d’autonomie dans une pratique clinique donnée, celle de la médecine interne en service hospitalier, et notamment dans le cadre des décisions médicales qui y sont prises et du « travail du soin » qui s’y déploie. Il s’agit de montrer en quoi, par son positionnement dans le paysage hospitalier, son champ d’application et l’approche globale et holistique dont elle se revendique, la médecine interne porte un regard particulier sur les problèmes cliniques qu’elle prend en charge et se donne la possibilité les appréhender dans leurs différentes dimensions. S’appuyant sur un travail de reconstitution de l’histoire de la médecine interne et de ses référents théoriques à partir de l’analyse de ses discours, d’une analyse conceptuelle des catégories d’autonomie, de santé et de décision et d’observations réalisées en service de médecine interne, cette étude se focalise sur un certain nombre de situations complexes - telles les situations de polypathologie ou de comorbidités - qui cristallisent notamment les difficultés liées à l’autonomie comme valeur morale et à l’application, dans le cadre des soins et des décisions, d’un « principe d’autonomie », mais questionnent également l’ « autonomie fonctionnelle » ou l’ « autonomie d’action » érigée en norme de soin, et pensée comme l’autre de la dépendance. Il apparaît que dans le soin qui leur est apporté et les décisions qui les concernent, différents sens de l’autonomie s’entrecroisent : le souci de l’autonomie fonctionnelle, la considération de l’autonomie sociale et de l’insertion dans des réseaux d’aides, de soutien, et de soins formels et informels, et les questions relatives à l’autodétermination et aux choix cruciaux concernant l’existence. Ces différents sens de l’autonomie s’entremêlent avec les considérations relatives à la santé des personnes soignées. Ces situations incitent alors à penser des formes différentes de santé et d’autonomies, qui prennent en compte les diverses dépendances qui permettent à la personne malade de conserver ce qui sera alors désigné comme une certaine « latitude de vie », qui englobe une certaine latitude décisionnelle dans les décisions qui les concernent. L’enjeu de ce travail réside dans la tentative de se donner concept positif de santé – qui ne réduise pas celle-ci à l’absence de maladie - qui fasse droit à l’autonomie entendue de manière plurielle et puisse faire l’objet d’un soin, même dans les situations d’états pathologiques durables. À partir d’un examen des conceptions des états de santé et des états pathologiques de Kurt Goldstein et Georges Canguilhem, nous déployons alors l’idée d’une forme de santé qui s’appréhende comme une « certaine latitude de vie », une latitude de vie susceptible de demeurer malgré les restrictions, les déficits, les dépendances induits par la maladie et d’être suscitée, maintenue et restaurée au travers de relations d’aide et de soin.