Emergence de nouveaux modes de coordination temporelle : le mandarin face aux clusters consonantiques
Auteur / Autrice : | Qianwen Guan |
Direction : | Ioana Chitoran |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique |
Date : | Soutenance le 19/07/2019 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du langage (Paris ; 1992-2019) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Laboratoire : Centre de linguistique interlangues, lexicologie, linguistique anglaise et de corpus - atelier de la parole (Paris ; 2005-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Hallé |
Examinateurs / Examinatrices : Ioana Chitoran, Pierre Hallé, Marianne Pouplier, Tom Lentz | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marianne Pouplier, Alexei Kochetov |
Mots clés
Résumé
Cette thèse examine la perception et la production des clusters consonantiques (CC) non-natifs par des locuteurs natifs du chinois mandarin, une langue à structure syllabique relativement simple. Cette étude s’est concentrée sur les différentes modifications (ou “erreurs”) qui apparaissent dans la perception et la production des locuteurs, à la lumière du rôle joué par leur connaissance phonologique et par leur sensibilité aux détails phonétiques. J’émets les hypothèses suivantes : si, tout d’abord, la connaissance phonotactique native affecte principalement l’adaptation des séquences non-natives, les locuteurs du mandarin percevront et produiront systématiquement un vocoïde dans les clusters consonantiques. En revanche, si la sensibilité aux détails phonétiques contribue principalement à l’adaptation, les locuteurs du mandarin produiront diverses modifications en fonction des propriétés phonétiques des clusters auxquels ils sont exposés. Ces hypothèses ont été testées à travers une série d’expériences : un test de discrimination ABX, un test de transcription et un test de production. Dans le test de discrimination ABX, les locuteurs du mandarin se sont montrés très sensibles au contraste CC-CVC. Cela indique que la phonotactique native n’empêchait pas leur perception des clusters non-natifs. Les participants se sont plutôt appuyés sur les détails phonétiques des clusters. Plus le relâchement de la première consonne (dans les clusters occlusive-occlusive) était faible, moins l’épenthèse était perçue.Dans le test de transcription, contrairement aux résultats du test de discrimination, les locuteurs du mandarin ont transcrit les CCs non-natifs avec une proportion élevée de voyelles épenthétiques. Cependant, la transcription des voyelles pourrait être influencée par l’orthographe du pinyin.Par conséquent, nous avons mené un test de production, où les participants entendaient les stimuli contenant des clusters avant de les prononcer à voix haute. Les résultats de ce test de production ont montré que les locuteurs du mandarin produisent un vocoïde au sein des CCs, et que ce vocoïde est similaire à une voyelle réduite en mandarin, de courte durée, avec une qualité semblable à un schwa. Il est intéressant de noter que, malgré l’absence de clusters en mandarin, les locuteurs produisent parfois les clusters CC “correctement” ou avec une période de voisement, en s’appuyant uniquement sur des inputs auditifs. Mais les mesures acoustiques de ces différents types de production indiquent que le mode de coordination temporelle natif était maintenu dans la production avec vocoïdes, même si les locuteurs étaient capables de compresser le vocoïde acoustiquement. La production de clusters non-natifs par des locuteurs du mandarin est donc fortement affectée par leur connaissance phonologique, alors que leur perception de ces mêmes clusters est principalement influencée par leur sensibilité aux détails phonétiques.