Thèse soutenue

La question de la transmission entre mère et fille dans le contexte d'après-guerre civile libanaise. Se permettre d'aimer pour briser la répétition

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Auteur / Autrice : Lyne Khalil
Direction : Houriya Abdelouahed
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Recherche en psychopathologie et psychanalyse
Date : Soutenance le 15/06/2019
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Thamy Ayouch
Examinateurs / Examinatrices : Houriya Abdelouahed
Rapporteur / Rapporteuse : Mohammed Ham, Magali Ravit

Résumé

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En raison d’un défaut d’après-coup et d’un échec de travail de mémoire, la guerre civile libanaise (1975-1990), ne s’est jamais réellement finie et se voit vouée à la répétition. Cette guerre contre le différent confessionnel génère une haine meurtrière de l’autre étranger et devient désormais une base constituante à l’organisation familiale. La guerre s’enracine jusque dans l’espace intime du sujet et met à mal sa constitution identitaire. Pendant cette guerre, l’union au semblable se dressera comme une arme de guerre contre le différent, l’étranger et l’ennemi. La femme libanaise des temps de guerre, apparaîtra dans cette thèse, comme la première à «utiliser» cette « arme ». Dans cette société qui véhicule le traumatisme de guerre, la religion régie jusqu’aujourd’hui les droits du Libanais, les lois individuelles et sociales. Cette dernière, légitime le patriarcat et fragilise l’identité groupale, communautaire et individuelle dans le cas où l’union d’amour serait interconfessionnelle. La fonction fondatrice du collectif au niveau individuel est donc, dans ce contexte, fondamentale à la compréhension de cette étude. L’objectif de cette thèse sera d’étudier la question de la transmission entre mère et fille dans l’après guerre civile et de ses incidences sur l’identité féminine de la femme qui n’a jamais vécu la guerre civile : la femme d’après-guerre. C’est précisément à travers la transmission de l’interdiction de s’unir au différent que cette question sera traitée. Cette transmission interdictrice se répercutera sur la relation primaire mère-fille d’après-guerre et sur la nature et la fonction de l’amour, apanage de la relation narcissique et objectale. Afin de rendre compte des aléas de cette transmission aliénante, la recherche se portera sur deux cas d’adolescentes libanaises n’ayant jamais vécu la guerre civile et ayant respectivement une mère qui a été femme du foyer pendant la guerre civile et une autre qui a été combattante pendant cette guerre. À travers l’étude de l’épreuve de la rencontre amoureuse à l’adolescence et des bouleversements psychiques sévères qu’elle génère, l’impact dévastateur de la répétition et de la transmission de l’interdiction de s’unir au différent sera alors mis en avant. Quel que fut le rôle de la mère pendant la guerre civile, ces adolescentes, apparaîtront comme extension narcissique de la mère, peineront à se séparer, à se subjectiver et à se constituer comme des êtres libres de leurs désirs et de leur corps.