Thèse soutenue

Les derniers vers du roman arthurien ˸ trajectoire d'un genre, anachronisme d'une forme
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Auteur / Autrice : Géraldine Toniutti
Direction : Catherine Croizy-NaquetBarbara Wahlen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue, littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 28/06/2019
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec UNIL - Université de Lausanne
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études du Moyen âge (Paris)
établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
organisme financeur : Fonds national suisse de la recherche scientifique
Jury : Président / Présidente : Michelle Szkilnik
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Croizy-Naquet, Barbara Wahlen, Michelle Szkilnik, Christine Ferlampin-Acher, Francis Gingras, Marc Escola
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Ferlampin-Acher, Francis Gingras

Résumé

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Qu’implique le choix du vers dans le roman, à une époque où la prose s’est déjà imposée comme forme privilégiée du genre ? C’est à cette question que nous soumettons le corpus des derniers romans arthuriens en vers, rédigés entre 1260 et 1380. Le choix atypique du vers dans le roman interroge les valeurs esthétiques attribuées à chaque forme au cours de ces siècles de mutation que sont le XIIIe et le XIVe siècle : l’écriture en vers résiste, mais est en décalage avec la forme irrémédiablement favorisée. Le corpus des derniers romans arthuriens en vers permet de tracer l’abandon du vers au profit de la prose dans le roman et sa spécialisation lyrique. La question des conséquences génériques qu’engendre un choix de forme se pose avec d’autant plus d’acuité dans ces textes que le choix anachronique de la forme versifiée engendre une façon particulière de traiter la matière arthurienne. La formalisation en vers ou en prose implique des perspectives différentes sur le monde raconté, sur la temporalité, sur les valeurs : on ne présente pas le mythe arthurien de façon identique selon la forme employée. À cela s’ajoute la position tardive qu’occupent ces romans par rapport à la trajectoire historique du roman arthurien en vers. Héritiers des romans de Chrétien de Troyes et de ses « épigones », ils succèdent aussi aux grands cycles en prose du XIIIe siècle, dont ils doivent s’accommoder. Ces romans s’inspirent alors des techniques narratives propres aux romans arthuriens en prose qui les précèdent. Si l’on peut dégager un certain nombre de similitudes entre ces deux types de production, plusieurs différences génériques prouvent bien qu’il s’agit de genres différents et que choisir le vers ou la prose engage des perspectives esthétiques et idéologiques particulières. À partir de ces interactions, une véritable poétique de la tardivité se dégage, entre vers et prose.L’étude des derniers romans en vers doit ainsi rendre compte de certaines contaminations de la prose au vers, mais aussi des différences entre vers et prose, voire des incompatibilités profondes entre ces deux façons de représenter en roman la matière arthurienne. Ces relations entre vers et prose informent l’épuisement de la production arthurienne en vers du XIIIe au XIVe siècle, qui illustre plus généralement l’abandon du vers au profit de la prose dans le genre romanesque français. Étudier les derniers représentants du roman arthurien en vers invite in fine à historiciser les emplois attribués au vers et à la prose au cours des siècles.