Thèse soutenue

Les Etats-Unis, la Turquie et l’UE. Du soutien américain aux ambitions européennes d’Ankara au délitement de la relation triangulaire (1993-2017)

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Auteur / Autrice : Margaux Magalhaes
Direction : Frédéric Bozo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire des relations internationales
Date : Soutenance le 11/07/2019
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Équipe de recherche Intégration dans l'espace européen (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean Marcou
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Bozo, Jean Marcou, Meltem Müftüler-Baç, Annick Cizel, Élisabeth du Réau
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Marcou, Meltem Müftüler-Baç

Résumé

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Depuis la fin de la guerre froide, les Etats-Unis militent en faveur de l’intégration de la Turquie à l’UE et deviennent, sous la présidence Clinton, les plus ardents défenseurs de la cause turque, avant même Ankara. Comment expliquer ce positionnement de la superpuissance mondiale, elle qui n’appartient pourtant pas au continent européen et ne dispose pas d’un pouvoir décisionnel dans l’UE ? Cet activisme s’explique par la mutation des enjeux et des défis au XXIe siècle : résurgence éventuelle de la Russie, influence iranienne dans le monde musulman, montée de la menace djihadiste ou « choc des civilisations » prédit par Huntington. Pour y faire face, Washington regarde l’alliance de l’UE chrétienne à la Turquie musulmane comme une stratégie préventive : l’adhésion d’Ankara, outre son aspect symbolique qui permettrait de contrer la rhétorique des djihadistes tout en signalant aux musulmans vivant en Europe qu’ils ne sont pas étrangers au continent, ferait de la Turquie un modèle pour l’ensemble de son voisinage et une force de projection occidentale dans le monde musulman. L’UE, grâce à son pouvoir normatif, est indispensable à cette fin : sans elle, la démocratie ainsi que le libéralisme politique et économique pourraient-ils s’implanter en terre d’Islam ? Sans elle, la Turquie restera-t-elle un Etat laïc ancré à l’Occident ? Les attentats du 11 septembre 2001 propulsent cette stratégie au sommet des priorités des administrations Bush : elle s’intègre désormais dans leur Freedom agenda. Si la survenue des printemps arabes en 2011 aurait dû rendre indispensable l’ancrage de la Turquie à l’UE afin de s’assurer qu’elle puisse influencer les événements en propageant les valeurs occidentales auprès de ces populations en quête de démocratie, l’Amérique cesse pourtant progressivement son militantisme envers une adhésion qui devient chimérique. Au lieu de souder l’alliance entre les Etats-Unis, la Turquie et l’UE, les printemps arabes auront fissuré les fondations déjà écornées de ce partenariat, si bien qu’à la fin du mandat d’Obama, la relation triangulaire est déliquescente.