« Qui est là ? » ˸ enquête sur l’identification et l’identité des personnages anonymes dans le théâtre de William Shakespeare
Auteur / Autrice : | Oriane Littardi |
Direction : | Catherine Balaudé-Treilhou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance le 25/01/2019 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....) |
Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Gilles Declercq |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Balaudé-Treilhou, Gilles Declercq, Marielle Silhouette, Nathalie Vienne-Guerrin, Yan Brailowsky |
Résumé
Dans les pièces de William Shakespeare, les personnages sont souvent désignés par un nom commun, qui peut indiquer leur statut social (« Le Gentilhomme »), leur métier (« Le Jardinier »), leur origine géographique (« L’Égyptien ») ou encore leurs liens relationnels (« Le Père »). Ces désignations anonymes, c’est-à-dire qui n’attribuent pas de nom propre aux personnages, montrent que Shakespeare favorise une inscription de ces rôles dans une société hiérarchisée et étendue, à l’image du public qui assiste aux spectacles, lui-même composé d’un large spectre social. L’étude de leur identité formelle, à partir de tous les signes identificatoires qui permettent la fabrique des personnages — didascalies, costumes, accessoires, corps et parole —, confirme une conception des personnages anonymes ancrée dans l’identité sociale, au détriment de leur identité personnelle. La généricité du personnage anonyme lui permet alors le plus souvent de se mettre au service des héros nommés ou du groupe social auquel il appartient, suivant le principe de self-effacement, « effacement de soi », pour reprendre les termes de Molly Mahood et de Florence Yoon. Toutefois, le mouvement poétique de Shakespeare le conduit parfois à développer ces rôles qui semblent au premier abord mineurs, en travaillant une tension entre fonctionnalisation et individualisation. Leur rapport à l’altérité leur confère alors une identité interactive, socialement et théâtralement, qui façonne leur raison d’être sur la scène de théâtre. D’un anonymat générique, les personnages peuvent alors s’élever vers la sphère de l’universalité.