Thèse soutenue

Stratégies nanophysiques et pharmacologiques pour moduler la rigidité tumorale, l'organisation de la matrice extracellulaire et la réponse immune dans les tumeurs solides

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Auteur / Autrice : Alba Nicolas Boluda
Direction : Florence GazeauEmmanuel Donnadieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Technologies d’application médicale, diagnostiques, thérapies et santé publique
Date : Soutenance le 18/12/2019
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Matière & Systèmes Complexes (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Farge
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Farge, Corinne Bousquet, Ibane Abasolo, Susana Minguet, Nicolas Tsapis, Alain Luciani
Rapporteurs / Rapporteuses : Corinne Bousquet, Ibane Abasolo

Résumé

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Le développement de thérapies efficaces pour les tumeurs solides est aujourd'hui fortement mis à l'épreuve par l'hétérogénéité tumorale. Cette hétérogénéité est reliée à la complexité du microenvironnement tumoral (MET) composé de la matrice extracellulaire (MEC), des cellules stromales et immunitaires. Les différentes composantes du MET et leurs interactions jouent un rôle important dans la progression tumorale et la résistance aux thérapies. En particulier, la matrice extracellulaire (MEC) principalement secrétée par les fibroblastes associés au cancer, est caractérisé par une accumulation excessive et une linéarisation anormale des fibres de collagène. Cette architecture aberrante induit une rigidification de beaucoup de tumeurs solides et dresse une barrière physique bloquant la pénétration des chimiothérapies. La réponse immune au développement tumoral est elle aussi influencée par les propriétés mécaniques de la MEC, en particulier la migration des cellules T, ce qui pourrait expliquer le faible taux de réponse aux immunothérapies dans les tumeurs solides. C'est pourquoi nous faisons l'hypothèse que moduler l'organisation de la MEC et sa dureté par des méthodes physiques ou pharmacologiques pourrait permettre d'augmenter l'efficacité de la réponse immune contre les tumeurs. La première partie de cette thèse décrit différents modèles de tumeurs solides dans le but de mettre en relation la rigidité tumorale mesurée par imagerie de manière non invasive avec l'architecture de la tumeur et de son microenvironnement. Afin de modifier l'organisation de la matrice, nous proposons une approche pharmacologique basée sur l'inhibition de l'enzyme lysyl oxidase (LOX), responsable de la réticulation du collagène. Un étude multi échelle a été réalisé sur les différents modèles de tumeur solides pour évaluer l'effet de l'inhibition de LOX sur la rigidité tumorale, la structure du collagène, la croissance tumorale et la migration de cellules T. Nous montrons que l'inhibition de LOX entrainent une diminution de la rigidité de la tumeur et des modifications de l'architecture de la MEC tumorale. Ces changements sont associés à une augmentation de la motilité des lymphocytes T dans les tumeurs et la transformation d'un environnement immunosuppresseur à un environnement immunostimulateur capable de ralentir la progression tumorale. La deuxième partie de cette thèse s'intéresse à la thérapie photothermique (PTT) activée par illumination de nanoparticules d'oxyde de fer en tant qu'approche physique pour moduler le microenvironnement tumoral. Plusieurs types de nanostructures ont été évalués pour cibler les différents composants du microenvironnement de manière contrôlée dans le temps et dans l'espace. Nous avons montré que les nanofleurs d'oxyde de fer décorées à l'or (GIONF) permettent de cibler efficacement les fibroblastes associés au cancer dans un modèle de cholangiocacinome et que la PTT dans ce modèle conduit à une déplétion en fibroblastes, une diminution de la rigidité et une régression du volume tumoral. Par ailleurs, la PTT médiée par ces GIONF a également permis de moduler la réponse immunitaire tumorale dans un modèle de cancer du sein. Enfin, nous avons évalué comment l'auto-organisation de nanoparticules d'oxyde de fer sous forme de structures supra-cristallines plus ou moins déformables pouvait permettre d'induire et de mieux contrôler des effets locaux de l'hyperthermie à l'intérieur des cellules ou dans la matrice extracellulaire.