L'impact de la digitalisation sur le rapport au travail des cadres : une étude comparative par entretiens semi-directifs entre grandes entreprises digitalisées et start-up

The impact of digitalization on the relationship to the executives' work : a comparative study by semi-structured interviews between digitized large companies and start-up

• Auteur / Autrice : Fatine Biaz
• Direction : Martine Brasseur
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences de gestion
• Date : Soutenance le 28/11/2019
• Etablissement(s) : Université Paris Cité
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (Malakoff, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de droit des affaires et de gestion (Malakoff, Hauts-de-Seine) (1992-....)
• Jury : Président / Présidente : Gilles Paché
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Gilles Paché, Cécile Dejoux, Brigitte Pereira, Annabelle Hulin, Alain Lacroux
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Cécile Dejoux, Brigitte Pereira

Mots clés

Mots clés contrôlés

Numérisation

Personnel d'encadrement

Gestion -- Informatique

Mots clés libres

Digitalisation

Rapport au travail

Cadres

Entreprises digitalisées

Start-up

Digitalization

Relationship to work

Executives

Digitized companies

Startup

Résumé

Cette thèse traite des effets de la digitalisation sur le rapport au travail en se focalisant sur une population plus particulièrement impactée, celle des cadres. En effet, le développement des technologies numériques a profondément transformé les pratiques et les relations professionnelles des salariés au sein des organisations. Parallèlement, des start-up ont émergé réussissant à répondre de manière personnalisée et rapide aux attentes de leurs clients grâce aux technologies du numérique. Pour se maintenir sur le marché et faire face à ces nouveaux concurrents, les grandes entreprises ont dû réagir et se digitaliser. Les objectifs des travaux de recherche présentés sont ainsi de (1) identifier quelles dimensions du rapport au travail des cadres ont été impactées par la digitalisation dans les organisations ; (2) repérer d'éventuelles différences d'impact entre les grandes entreprises digitalisées et les start-up, (3) analyser si les facteurs individuels (poste, âge, genre et ancienneté) jouent un rôle dans la relation entre digitalisation et rapport au travail des cadres. Sur la base de notre revue de littérature, nous explicitons tout d'abord ce que désigne la digitalisation dans les organisations et analysons les dynamiques d'évolution impulsées par ce changement technologique. Nous abordons ensuite les problématiques propres à la population cadre et ses mutations. Le concept de rapport au travail est ensuite défini nous conduisant à positionner notre étude dans le cadre théorique de Chantal Nicole-Drancourt et Laurence Roulleau-Berger (2001), dont nous reprenons les trois dimensions du rapport au travail : instrumentale, sociale et symbolique et qui nous a servi de grille d'analyse. Pour atteindre nos objectifs de recherche, nous avons mis en œuvre une étude empirique par entretiens semi-directifs auprès de 61 cadres travaillant dans des start-up ou dans des grandes entreprises digitalisées répartis dans 13 secteurs d'activité. Les entretiens ont été enregistrés et retranscrits. Nous avons ensuite procédé à une analyse de contenu thématique des verbatim dans un première temps manuellement puis en appui avec le logiciel Nvivo. Nos résultats font ressortir peu de différences entre les grandes entreprises digitalisées et les start-up laissant supposer une faible influence de cette variable organisationnelle sur le phénomène étudié. La digitalisation ressort également comme un facteur ambivalent, à la fois répulsif et attractif dans le rapport des cadres au travail. Elle semble également avoir eu un effet sur la transformation de la catégorie des cadres, dont la mutation a changé de nature pour introduire une nouvelle dimension, celle du niveau de complexité dans le traitement de l'information. De plus la digitalisation a impacté l'exercice même des métiers de cadre, générant notamment une forte dépendance à la technologie nous conduisant à nous interroger sur l'émergence d'une forme d'e-taylorisme. Conjointement, le caractère ludique et les potentialités offertes par les nouveaux outils de travail ont favorisé la prise d'autonomie dans l'exercice des responsabilités mais aussi légitimer les quêtes hédonistes dans le travail. La digitalisation semble ainsi osciller entre facteur d'émancipation et source potentielle d'aliénation. Son impact concerne toutes les dimensions du rapport au travail. Les limites de notre étude résident dans le choix de la population, toutes les entreprises concernées étant leaders sur leur marché et étant massivement digitalisées. D'une part, les cadres concernés ne peuvent pas être considérés comme représentatifs. D'autre part, nous n'avons pas procédé à des comparaisons avec des PME ou des entreprises dans d'autres contextes ou encore avec la population non-cadre auprès de qui nous aurions peut-être obtenu des résultats similaires. La modélisation présentée permettant d'enrichir le cadre théorique initiale débouche donc sur d'autres travaux de recherche de nature confirmatoire.

This thesis deals with the effects of digitalization on the relationship to work by focusing on a population particularly impacted: the executives. Indeed, the development of digital technologies has profoundly transformed the practices and professional behavior of employees within organizations. At the same time, highly digitized startups have emerged that are able to respond in a personalized and rapid manner to the expectations of their customers. To stay in the market and face these new competitors, large companies have had to react and digitize. The objectives of the research work presented are thus to (1) identify which dimensions of the relationship to the executives'work have been impacted by digitalization in organizations; (2) identify possible differences in impact between large digital companies and start-up; (3) analyze whether individual factors (position, age, gender and seniority) play a role in the relationship between digitalization and relationship to executives'work. On the basis of our literature review, we first explain what digitalization means in organizations and analyze the dynamics of evolution driven by this technological change. We then discuss the issues specific to the executive population and its changes. The concept of relation to work is then defined, leading us to position our study in the theoretical framework of Chantal Nicole-Drancourt and Laurence Roulleau-Berger (2001), whose three dimensions of the relation to work (instrumental, social and symbolic) defined our grid of analysis. To achieve our research objectives, we have implemented an empirical study through semi-structured interviews with 61 executives working in startups or in large companies in 13 business sectors. The interviews were recorded and transcribed. We then proceeded to a thematic content analysis manually and with the Nvivo software. Our results show little difference between large companies and startups suggesting a weak influence of this organizational variable on the phenomenon studied. Digitization also emerges as an ambivalent factor, both repulsive and attractive in the relationship between managers and work. It also seems to influence the transformation of the cadre category, whose mutation has changed in nature with the introduction of a new dimension: the complexity level in the processing of information. In addition, digitalization has impacted the executive jobs, generating a strong reliance on technology. These results lead us to question the emergence of a new e-Taylorism. At the same time, the playfulness and potential offered by the new tools have fostered empowerment in the exercise of responsibilities but also legitimize hedonistic quests in work. Digitalization thus seems to oscillate between emancipation factor and potential source of alienation. Its impact affects all dimensions of the relationship to work. The limits of our study lie in the choice of the population. All the companies concerned are leaders in their market and massively digitized. On the one hand, the managers concerned cannot be considered as representative. On the other hand, we have not made comparisons with SMEs or companies in other contexts or with the non-executive population from whom we might have obtained similar results. If the presented model allows to enrich the initial theoretical framework, it leads to other confirmatory research works too.