Pharmacocinétique du raltégravir pendant la grossesse, par approche de population
Auteur / Autrice : | Yi Zheng |
Direction : | Jean-Marc Tréluyer, Déborah Hirt |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pharmacocinétique |
Date : | Soutenance le 06/11/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pharmacologie et évaluations thérapeutiques chez l'enfant et la femme enceinte (Paris ; 2014 -....) |
Jury : | Président / Présidente : Valériane Leroy |
Examinateurs / Examinatrices : Valériane Leroy, Nicolas Simon, Bernard Do | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nicolas Simon, Bernard Do |
Résumé
La transmission mère-enfant contribue à 9% des nouvelles infections par le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH). La décroissance de la charge virale (CV) est le principal facteur pour prévenir la transmission materno-foetale. Le raltégravir, a déjà montré son efficacité pour diminuer rapidement la CV avec des effets secondaires limités chez les adultes dans plusieurs études cliniques. Ainsi, le raltégravir peut être un bon candidat pour traiter une femme enceinte dépistée tardivement. Cependant, les changements physiologiques pendant la grossesse influent significativement sur la pharmacocinétique du médicament ce qui risque d'entrainer une baisse des concentrations et d'impacter sur l'effet au traitement. A ce jour, la pharmacocinétique du raltégravir pendant la grossesse a été rapportée dans deux études cliniques, chez un faible nombre de patientes et ont montré une diminution de l'exposition du raltégravir. Néanmoins, aucun donné n'est disponible sur la pharmacocinétique du raltégravir libre qui est considéré comme la forme active du raltégravir. L'objectif principal de cette étude était de décrire la pharmacocinétique du raltégravir chez la femme enceinte infectée par le VIH-1, au troisième trimestre de la grossesse (entre 30 et 37 semaines d'aménorrhée) et un mois après l'accouchement (entre 4 et 6 semaines de postpartum), ainsi que chez le nouveau-né. Les objectifs secondaires étaient d'estimer la fréquence des femmes, sous traitement comportant le raltégravir, présentant une CV plasmatique indétectable à l'accouchement. Nous avons, tout d'abord, développé et validé une méthode en LC-MS/MS pour mesurer la concentration totale du raltégravir et de son métabolite le raltégravir-glucuronide. Dans ce travail, nous avons évalué la spécificité et la sélectivité, la justesse et la fidélité, le rendement, l'effet matrice, l'effet mémoire et la stabilité de la méthode. La fiabilité de cette méthode est aussi confirmée par les résultats de contrôle externe d'Asqualab (confirmé par ISO9001). (Zheng et al. Soumis dans Journal of Pharmaceutical and Biomedical Analyse). Ensuite, nous avons développé et validé une méthode par ultrafiltration pour séparer la fraction libre du raltégravir et la quantifier par une LC-MS/MS méthode. (Zheng et al. Soumis dans Journal of chromatography B). A partir des concentrations de raltégravir libre, totale et glucuronide mesurées, nous avons construit un modèle de pharmacocinétique de population au troisième de la grossesse et postpartum pour le raltégravir libre. Par ce modèle, nous avons trouvé une diminution importante de l'absorption du raltégravir et une augmentation de son élimination. L'exposition de la fraction libre du raltégravir est diminuée de 13% pendant la grossesse par rapport au postpartum. Nous avons trouvé une diminution de 26% de l'exposition du raltégravir total, ce qui est cohérent avec les résultats publiés dans d'anciennes études. Cette diminution ne nécessite pas de modifier la dose de raltégravir pendant la grossesse. Au moment de l'accouchement, 93% (n=40) des mères ont une CV inférieure à 40 copies/mL. Aucune transmission mère-enfant n'a été observée. Les effets indésirables n'ont pas été attribués à l'utilisation de raltégravir. Ces résultats cliniques confirment que les traitements basés sur le raltégravir est efficace et bien toléré par les femmes enceintes (Zheng et al. Soumis au Clinical Infectious Diseases).