Thèse soutenue

Vulnérabilité au stress post-traumatique suite à un traumatisme crânien : marqueurs neuroanatomiques, neurotrophiques et épigénétiques

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Auteur / Autrice : Rémi Corne
Direction : Raymond Mongeau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 30/10/2019
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pharmacologie de la circulation cérébrale
Jury : Président / Présidente : Laurence Lanfumey
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Lanfumey, Nasser Haddjeri, Anne Prigent-Tessier, Michael Ogier, Mehrnaz Jafarian-Tehrani
Rapporteurs / Rapporteuses : Nasser Haddjeri, Anne Prigent-Tessier

Résumé

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Le trauma crânien (TC) est un facteur de vulnérabilité aux troubles psychiatriques, notamment à l'état de stress post-traumatique (ESPT). Les patients ESPT souffrent d'une altération de la mémoire conditionnée par un évènement traumatisant. Ils ont une capacité réduite à éteindre les mémoires de peur : ils répondent bien aux thérapies comportementales mais les rechutes sont fréquentes. Le TC et l'ESPT ont en commun des altérations au niveau neuroanatomique et des systèmes neurotrophiques. La substance blanche et certaines régions impliquées dans les comportements de peur présentent des irrégularités chez les patients TC et ESPT pouvant impliquer une dérégulation des facteurs trophiques. Le « brain-derived neurotrophic factor » (BDNF) et le système « insulin-like growth factor » (IGF1 et IGF2) ont été suggérés comme marqueurs du TC, et donc des vulnérabilités psychiatriques résultantes. Dans un modèle murin de TC, nous avons modélisé certains symptômes de l'ESPT et mesuré les altérations neuroanatomiques et de facteurs neurotrophiques concomitantes. Un TC par impact cortical contrôlé a été induit chez des souris C57BL6/J mâles. Les comportements de peur de type ESPT ont été évalués avec le modèle du conditionnement de la peur 3 semaines après le TC. Notre première étude a évalué la rétention à long-terme de l'extinction de la mémoire de peur, les comportements de prise de risque (tests de l' « open-field » et du labyrinthe en croix surélevée), et la mémoire spatiale (test de Barnes). Les volumes et les altérations de la substance blanche ont été évalués dans les circuits de la peur par immunohistochimie. Dans ces régions, l'expression et l'état épigénétique du Bdnf ont été évalués par qPCR et immunoprécipitation de l'ADN méthylé. Notre deuxième étude a déterminé l'utilité de l'IGF en tant que marqueurs du TC à court et long terme (3 jours et 3 semaines), en lien ou non avec le conditionnement de la peur. Les niveaux d'IGF1 et d'IGF2 sanguins, et d'IGF1 cérébraux ont été évalués par ELISA, ainsi que l'expression et la méthylation d'Igf1 dans les régions liées aux comportements de peur conditionnée. La répartition cellulaire d'IGF2 a été étudiée par immunohistochimie. Le TC n'affecte pas l'acquisition et l'extinction de la peur conditionnée mais il rend plus labile à long terme la rétention de l'extinction de la peur, provoquant une résurgence spontanée de la peur conditionnée. Le TC induit aussi des comportements de prise de risque et une baisse de la flexibilité cognitive, symptômes présents chez les patients ESPT et TC. Les témoins opérés ont des déficits intermédiaires par rapport aux souris naïves. Dans les circuits de la peur, des diminutions de volumes et des déficits de la substance blanche ont été observés, ainsi qu'une altération de l'expression et la méthylation du Bdnf dans le cortex frontal. Relativement au BDNF, le système IGF évolue de manière plus robuste dans l'hippocampe. Suite au TC, les niveaux centraux d'IGF1 ainsi que l'expression et la méthylation de son gène augmentent à court et à long terme. La distribution d'IGF2 dans l'épithélium du ventricule latéral est réorganisée à court et long terme. Les niveaux sanguins d'IGF1 et d'IGF2 diminuent seulement à long terme suite au TC et en réaction à la peur. L'IGF1, mais pas IGF2, diminue aussi avec l'exposition au conditionnement de la peur seule, en l'absence de TC. Nos travaux confirment que le TC expérimental prédispose aux symptômes de type ESPT, ceci étant associé à des altérations neuroanatomiques et de facteurs trophiques. Si les modifications de BDNF et d'IGF pourraient rendre compte des déficits comportementaux et neurobiologiques, l'IGF1 périphérique ne semble pas être un marqueur spécifique du trauma physique ou psychologique. Ce manque de spécificité est problématique dans le cadre de la comorbidité TC/ESPT. Néanmoins, il pourrait être un marqueur du rétablissement après un TC, ainsi qu'une cible thérapeutique dans le TC/ESPT.