Effet des polluants organiques persistants et des pré-adipocytes dans la progression tumorale dans le cancer du sein
Auteur / Autrice : | Meriem Koual |
Direction : | Xavier Coumoul |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Toxicologie |
Date : | Soutenance le 23/10/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pharmacologie, Toxicologie et Signalisation Cellulaire (Paris ; 2006-2013) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Yves Pierga |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Yves Pierga, Catherine Muller, Farzad Pakdel, Laurence Huc, Anne-Sophie Bats, Michèle Sabbah | |
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Muller, Farzad Pakdel |
Résumé
Malgré les avancées dans le diagnostic et le traitement du (CS), plus de 12 000 femmes décéderont de cette maladie en France cette année. Ces décès sont en grande partie dues à la dissémination de la maladie, la survie globale à 5 ans n'étant que de 26% dans les cas de formes métastatiques. Comprendre les facteurs de risque de progression tumorale et les mécanismes sous-jacents est un enjeu majeur en termes de santé publique notamment dans les populations à risque comme les patients obèses. Le tissu adipeux, composant majeur du microenvironnement tumoral dans le CS, est un réservoir important de polluants organiques persistants (POP) à la fois cancérigènes et perturbateurs endocriniens, et également une source interne chronique de ces molécules qui sont libérées de façon constante dans le sang. Outre leur effets toxiques et pro-invasifs directs, nous avons postulé l'hypothèse que ces POP, dont les dioxines, pouvaient avoir des interactions avec le tissu adipeux et modifier le phénotype des adipocytes péri-tumoraux dont l'effet pro-invasif sur les cellules tumorales est déjà connu. Les résultats de l'étude clinique METAPOP qui évalue l'association entre les taux sériques et adipeux de POP et la présence d'une atteinte métastatique ganglionnaire chez les patientes prise en charge pour un CS montrent que les concentrations de dioxines et de certains autres polluants donc plusieurs polychlorobiphényles dans le tissu adipeux sont positivement associées 1) au risque de métastase ganglionnaire et à la taille de la tumeur et 2) que cette association était encore plus forte chez les patientes présentant un IMC égal ou supérieur à 25 kg/m2 (c'est à dire une majorité de la population dans les pays Européens). Au niveau expérimental, à l'aide d'un système de co-culture en insert de cellules cancéreuses mammaires et de cellules pré-adipocytaires, exposées ou non à la dioxine, nous avons montré que la co-exposition « pré-adipocytes/polluant » entrainait des modifications majeures du phénotype des cellules cancéreuses mammaires avec l'acquisition d'un caractère « cellule souche cancéreuse » associé à la progression tumorale métastatique et à la chimiorésistance. Ce phénotype agressif et pro-métastatique est confirmé in vivo sur un modèle de xénogreffe chez l'embryon de poisson zèbre. La génération par la co-exposition de cellules géantes polynucléées est l'une des hypothèses pouvant expliquer l'acquisition de ces propriétés pro-invasives. Les POP pourraient ainsi contribuer à la progression tumorale et au développement métastatique dans le CS d'une part par leurs effets toxiques directs et d'autre part en ciblant le microenvironnement tumoral. Ces résultats pourraient expliquer le pronostic sombre chez les patientes obèses. Compte tenu du nombre important de cas, cette problématique représente potentiellement un problème majeur de santé publique, qui nécessite des investigations complémentaires pour mieux appréhender les mécanismes d'action mis en jeu.