Evolution dirigée d'enzyme in vitro, auto-sélection par programmation moléculaire
Auteur / Autrice : | Rémi Sieskind |
Direction : | Yannick Rondelez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biochimie |
Date : | Soutenance le 15/10/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Gulliver (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Valérie Taly |
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Taly, Gabrielle Potocki-Veronese, Jean-Christophe Baret, Clément Nizak, André Estévez Torres | |
Rapporteur / Rapporteuse : Gabrielle Potocki-Veronese, Jean-Christophe Baret |
Mots clés
Résumé
L'évolution dirigée d'enzymes est une méthode d'ingénierie protéique, qui, en imitant l'évolution naturelle, permet d'adapter, voire même de changer les propriétés catalytiques de celles-ci. Son principe est simple, il consiste en l'introduction de mutations dans la séquence du gène considéré puis en la sélection des meilleures protéines obtenues. Ses enjeux actuels sont principalement l'adaptation de cette méthode à un nombre croissant de protéines cibles et le débit, c'est-à-dire le nombre de mutants testés en parallèle. La plupart des méthodes préexistantes s'appuient sur des cellules vivantes pour exprimer les protéines mutantes et même parfois pour réaliser leurs tests de sélection, par exemple en liant l'activité voulue à la survie ou à un métabolisme plus efficace de la cellule hôte. D'autres méthodes s'appuient sur des rapporteurs fluorescents pour détecter l'activité enzymatique après production in vivo. Cependant, certaines enzymes peuvent être toxiques pour une cellule vivante et les tris par niveau de fluorescence s'avèrent souvent longs et fastidieux. Par ailleurs, l'utilisation de cellules vivantes nécessite généralement une étape de transformation souvent peu efficace qui limite beaucoup le nombre de mutants testés à chaque cycle. De ce constat est née l'idée de créer une méthode de sélection intégralement in vitro, versatile et permettant de s'affranchir des problèmes de toxicité, d'augmenter significativement le débit de sélection et de réaliser les tests de sélection dans des conditions plus contrôlées et plus proches des conditions d'utilisation finale de l'enzyme considérée. Cependant, si les systèmes d'expression acellulaire ont fait de grands progrès ces dernières années, notamment en matière de rendement, la problématique principale a été de lier un gène d'intérêt avec sa protéine correspondante sur un support matériel afin de pouvoir réaliser des tests individualisés. Pour cela, nous avons choisi de travailler avec des billes d'hydrogel et de créer un appareil microfluidique pour les générer à très haut-débit. Devant l'impossibilité d'exprimer efficacement les protéines à partir d'une unique copie de chaque gène, nous avons couplé la génération de billes avec l'encapsulation et la pré-amplification des mutants à l'intérieur de celles-ci. Sont venues ensuite les étapes d'expression in vitro et de tagging (d'accroche sur la bille), réalisées à l'intérieur de micro-gouttes contenant une bille afin d'assurer que les protéines produites et accrochées correspondent exactement au gène initialement présent dans la bille. A partir de ces billes ainsi préparées, il nous a été possible de mettre au point une méthode d'auto-sélection utilisant un programme moléculaire. Ce programme moléculaire utilise la PEN DNA toolbox, qui, à partir de courts brins d'ADN interagissant avec quelques enzymes (polymérase, exonucléase, nickase), peut convertir une activité enzymatique en une production de courts oligonucléotides tels que des amorces de PCR. Basée sur le même principe que la CSR d'Holliger, notre méthode utilise un tel programme encapsulé dans une goutte avec une bille. Si l'enzyme accrochée sur la bille est « bonne », le programme génère automatiquement des amorces servant à la réalisation d'une PCR du gène correspondant, dans le cas contraire, le programme ne produit rien. Ainsi, les meilleurs mutants se répliquent plus que les moins bons, menant, en définitive, à une banque finale de mutants enrichie dans les meilleurs candidats. En guise de preuve de principe nous nous sommes intéressés à une nickase très utilisée dans nos programmes moléculaires : nb.BsmI. Après avoir prouvé la possibilité de lier sur une bille d'hydrogel un gène et la protéine correspondante ainsi que notre capacité à réaliser le test de sélection, nous avons caractérisé l'efficacité de sélection sur une librairie simple ne contenant qu'un mutant actif et un mutant inactif.