Quantification de la translocation membranaire et de l'échappement endosomal : une approche de biologie chimique
Auteur / Autrice : | Marco Lucchino |
Direction : | Frédéric Schmidt, Ludger Johannes |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie biologique |
Date : | Soutenance le 02/10/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité Chimie et biologie de la cellule (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Laurent Micouin |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Micouin, Sandrine Sagan, Tanja Weil, Frédéric Taran, Jost Enninga | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sandrine Sagan, Tanja Weil |
Résumé
Malgré les grands progrès dans la mise au point d'outils thérapeutiques, il reste encore beaucoup de difficultés à surmonter pour mettre au point des modalités de traitement contre le cancer, les plus efficaces possibles. Au cours de ces dernières années, le processus cellulaire d'échappement endosomal, ou plus généralement de translocation membranaire, est devenu un sujet d'intérêt, et sa faible efficacité apparaît aujourd'hui comme le principal obstacle au développement de nouvelles médicaments macromoléculaires, telles que les conjugués protéiques, les nanoparticules oligonucléotides thérapeutiques etc. En effet, en se liant à la surface cellulaire, la plupart des transporteurs thérapeutiques intériorisés ne traversent pas spontanément les membranes cellulaires, restant piégés dans la voie endocytaire. Jusqu'à présent, malgré un effort remarquable, peu de technologies et de stratégies ont été décrites pour favoriser efficacement la translocation des endosomes du lumen vers le cytosol. L'une des raisons qui ralenti les progrès d’élaboration de stratégies efficaces pour favoriser l'échappement endosomal, réside dans la difficulté de quantifier avec précision l'étape de translocation au niveau de la membrane et donc de disséquer mécaniquement le processus. Par conséquence, la première partie de mon doctorat était focalisée sur le développement d'un test universel, quantitatif, sensible et robuste, visant l'investigation et la quantification du processus d'échappement endosomal. Dans la deuxième partie, j'ai appliqué le nouvel essai pour étudier et quantifier la translocation membranaire de la sous-unité B de la toxine Shiga (STxB). Objectif 1 : Sur la base d'une analyse précise des tests actuellement disponibles et de la compréhension complète de leurs inconvénients, nous avons développé un système robuste et sensible qui permet de quantifier la translocation cytosolique pour un porteur donné. Notre stratégie repose sur la modification d'un porteur donné qui se produit exclusivement dans le cytosol de la cellule et qui permet de discriminer, d'isoler et puis de quantifier, la fraction du porteur qui a été transloquée dans le cytosol. La modification cytosolique est effectuée par un système de marquage qui s'exprime exclusivement dans le cytosol et comprend la fusion de deux protéines. La première, conventionnellement appelée Tag 1, est responsable de la liaison covalente et irréversible du porteur transloqué. La seconde, Tag 2, est exploitée comme crochet pour isoler la fraction marquée, permettant ainsi sa quantification. Les protéines SNAP-tag, HaloTag et NeonGreen ont été choisies comme Tags potentiels, et leur activité a d'abord été évaluée in vitro, à l'aide de modèles simplifiés, puis corroborée dans un système cellulaire, en s'assurant que chaque étape se déroulait avec une cinétique rapide et une production quantitative. La protéine SNAP-tag a été identifiée comme le meilleur candidat pour le Tag 1, tandis que la protéine NeonGreen représente le Tag 2, c’est à dire le crochet pour isoler la fraction cytosolique. Le système de marquage cytosolique SNAP-NeonGreen a permis le développement d'un test très sensible, capable de détecter des quantités infimes de protéines transloquées, jusqu'à la plage picomolaire. La protéine de fusion SNAP-NeonGreen a été mise en œuvre dans une lignée cellulaire cancéreuse monoclonale stable pour l'évaluation et la quantification de l'efficacité de translocation du STxB. Objectif 2 : La première application du nouvel essai a été d'étudier la capacité de translocation du STxB. Nous montrons d'abord que la translocation du STxB dépend du récepteur, du temps et de la concentration, et qu'elle est supprimée dans des conditions de privation d’ATP, ainsi que d'incubation à basse température. Pour la première fois, nous avons ensuite fourni une quantification absolue de la translocation du STxB à 37°C, sur une période de 4 heures, dans le modèle cellulaire HeLa.