Thèse soutenue

Un système de magnitude commun pour la perception et l'action : étude des interactions entre la cognition numérique et les paramètres de la saccade oculaire

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alexandra Pressigout
Direction : Karine Doré-Mazars
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 21/11/2019
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Vision, Action, Cognition (Paris ; 2012-...)
Jury : Président / Présidente : André Didierjean
Examinateurs / Examinatrices : André Didierjean, Arnaud Badets, Anna Montagnini, Maria Dolorès de Hevia, Alessandro Farnè
Rapporteurs / Rapporteuses : Arnaud Badets, Anna Montagnini

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Les questions théoriques de cette thèse sont construites autour du modèle de Walsh (2003) qui propose un système général de magnitude appelé ATOM ("A Theory Of Magnitude") traitant les informations liées à l'espace, aux quantités et au temps qui sont indispensables pour comprendre et agir sur notre environnement. Si le rôle déterminant des représentations spatiales, numériques et temporelles dans l'initiation de la réponse motrice est étayé par une littérature très abondante, leur influence sur les paramètres cinématiques de cette réponse est bien moins documenté (axe 1). Au-delà de l'influence de la perception sur l'action prédite par le modèle ATOM, nous proposons d'étudier l'influence de l'action sur la perception de ces magnitudes (axe 2) qui n'est pas abordée dans ce modèle. Pourtant, certaines théories proposent qu'agir sur notre environnement façonne la perception des objets qui nous entourent. L'objectif de cette thèse était d'examiner la place de l'action dans le système commun des magnitudes perceptives dans le système visuo-moteur. Le système saccadique a été utilisé comme modèle du système moteur humain. Dans le premier axe, nous avons montré que les paramètres saccadiques à la fois temporels (i.e. latence) et spatiaux (i.e. amplitude) sont sensibles à une information numérique, bien que cette sensibilité n'émerge que sous certaines conditions. Sur la latence des réponses, nos données mettent en évidence que les associations spatio-numériques dépendent du temps d'activation de la quantité selon le format de présentation du chiffre (chiffre arabe / mot), du temps d'initiation du mouvement selon l'effecteur (oeil / main) ainsi que de différences interindividuelles (rapide / lent). Sur les paramètres moteurs des réponses, nous avons montré que l'amplitude a été modifiée selon la magnitude d'un chiffre lorsque les participants devaient viser un chiffre (présenté seul ou avec un autre). Cette modification de l'amplitude est plus importante lorsque le système saccadique n'est pas contraint par la présence d'une cible réduisant la variabilité des amplitudes saccadiques. Dans le second axe, l'influence réciproque de l'action et de la perception a été testée. Quand on utilise l'adaptation saccadique induite par la répétition du saut intrasaccadique de la cible, l'amplitude est recalibrée afin de maintenir la précision de la visée de la saccade. Nous avons montré que l'adaptation en diminution d'amplitude, entraîne une modification dans le même sens de la perception de la taille d'un objet (i.e. sous-estimation). La recalibration adaptative de la magnitude motrice semble donc conduire à la recalibration de la magnitude de taille perçue, suggérant une carte motrice et perceptive commune. Ainsi, nous avons montré que la magnitude motrice avait toute sa place dans le système commun de magnitudes jusqu'alors limité aux dimensions perceptives puisque 1) la perception des magnitudes numériques entraîne des modifications des paramètres à la fois temporels et spatiaux de la saccade oculaire et que 2) des modifications motrices entraînent des changements perceptifs de taille. Les données issues de cette thèse constituent un argument fort en faveur d'un système commun pour les systèmes perceptif et moteur, calibrant leur magnitude l'un par rapport à l'autre.