Thèse soutenue

Pensées répétitives négatives et croyances métacognitives dans l'usage de substances psychoactives : contribution à l'étude de processus transdiagnostiques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Tristan Hamonniere
Direction : Isabelle Varescon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 18/11/2019
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de santé (Paris ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Olivier Luminet
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Luminet, Céline Baeyens, Lucia Romo, Florence Vorspan, Xavier Laqueille
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Baeyens, Lucia Romo

Résumé

FR  |  
EN

Contexte : Les pensées répétitives négatives, dont les formes les plus étudiées sont les ruminations dépressives et les inquiétudes anxieuses, sont aujourd'hui considérées comme un unique processus, responsable de l'apparition et du maintien de nombreux états psychopathologiques. Elles ont pour caractéristiques principales d'être répétitives, intrusives, difficile à contrôler et accaparant les capacités mentales. Elles seraient également sous-tendues par la présence de croyances dites « métacognitives » à propos de leur utilité, mais aussi de leurs conséquences négatives. Depuis une dizaine d'années, des études tendent à montrer qu'elles pourraient être impliquées dans le développement et le maintien des conduites addictives. Cependant, cette littérature reste hétérogène, essentiellement centrée sur les concepts spécifiques de ruminations dépressives ou d'inquiétudes anxieuses et pour sa majorité sur le trouble de l'usage d'alcool. De plus, à ce jour, peu de connaissances existent sur les facteurs pouvant influencer cette relation alors que différents arguments théoriques et empiriques laissent supposer que des variables comme le genre ou les croyances métacognitives puissent déterminer en partie leur rôle dans l'apparition de symptômes. Objectifs : Ce travail de thèse vise donc à évaluer et étudier l'influence des pensées répétitives négatives dans le mésusage d'alcool et de cannabis, à partir d'une mesure transdiagnostique, tout en considérant l'effet modérateur du genre, des croyances métacognitives et de l'évitement cognitif. Méthode : Deux études ont été menées afin de répondre à ces objectifs. Une première étude sur une population clinique de 81 patients consultants pour un trouble de l'usage d'alcool et une seconde étude sur 257 consommateurs de cannabis recrutés en population tout-venant via internet. Ces deux études transversales ont évalué les pensées répétitives, les croyances métacognitives et l'évitement cognitif à partir d'auto-questionnaires validés. Résultats : Les résultats révèlent que des difficultés attentionnelles provoquées par les pensées répétitives semblent être le mécanisme principal par lequel ce processus participe du déclenchement de consommations d'alcool ou de cannabis et que la façon dont une personne perçoit et régule ses pensées conditionne cet effet. En revanche, le profil métacognitif (croyances et stratégies métacognitives) des usagers concernés ne semble pas être le même entre les consommateurs de cannabis et d'alcool. D'autre part, les résultats montrent que les croyances à propos du besoin de contrôler les pensées, impliquées dans la plupart des conduites addictives, prédisent aussi le mésusage de cannabis. Conclusion : Ces résultats apportent de nouvelles preuves quant au caractère transdiagnostique des pensées répétitives et des croyances métacognitives. Ils apportent aussi des éléments théoriques en faveur de l'approche processuelle transdiagnostique. Enfin, ils soulignent la nécessité de prêter attention à ces processus lors des suivis en addictologie et laissent à nouveau supposer que des interventions centrées sur la rumination (et sur les croyances associées) pourraient présenter un intérêt dans la prise en charge d'un trouble de l'usage d'alcool ou de cannabis. Des études complémentaires sont maintenant nécessaires pour évaluer ce type d'intervention chez des consommateurs de substances.