Rôle de la protéine STING dans la résistance du cancer du sein à la chimiothérapie
Auteur / Autrice : | Laura Cheradame |
Direction : | Vincent Goffin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Soutenance le 15/11/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Necker Enfants-Malades (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Frédéric Rieux-Laucat |
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Rieux-Laucat, Nina Robin, Mauro Modesti, Thierry Dubois, Stefano Cairo | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nina Robin, Mauro Modesti |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le cancer du sein est un problème de santé publique majeur qui tue plus de 600 000 femmes par an dans le monde. La majorité des patientes répondent bien au traitement initial, mais dans de nombreux cas, les cellules cancéreuses développent des mécanismes de résistance au traitement, ce qui conduit à une récidive tumorale fatale pour la patiente. Pour tenter d'élucider les mécanismes de résistance du cancer du sein à la chimiothérapie, le partenaire industriel de cette thèse CIFRE (Xentech) a développé un large panel de PDX (pour Patient Derived Xenograft). Ce modèle expérimental préclinique consiste à implanter, sur des souris immunodéficientes, des fragments de tumeurs directement prélevées chez les patientes. L'analyse de ces PDXs après traitement des souris par chimiothérapie a permis de mettre en évidence la surexpression d'une signature de gènes cibles des interférons (IFN), dénommée signature IFN/STAT1, par les cellules cancéreuses résiduelles, c'est-à-dire les cellules qui ont résisté à la chimiothérapie et qui sont responsables de la récidive tumorale. Le but de ce travail de thèse était i) d'élucider les mécanismes d'induction de cette signature et ii) d'évaluer son impact sur la progression tumorale mammaire. Nous avons d'abord identifié des modèles cellulaires de cancer du sein qui reproduisent in vitro l'induction de cette signature suite à un stress génotoxique (chimiothérapie). Nous avons démontré que cette signature était induite par l'expression d'IFNs qui, par un mécanisme autocrine/paracrine, activent la voie de signalisation canonique JAK/STAT. Nous avons ensuite démontré que cette production d'IFN était induite par la voie STING/TBK1/IRF3. STING (Stimulator of Interferon Genes) est un senseur de l'ADN cytosolique, bien connu pour être activé dans les cellules immunitaires suite à une infection par un pathogène à ADN (virus, bactéries). Nous avons proposé que, dans les cellules cancéreuses, STING est activé par l'ADN génomique endommagé qui s'accumule dans le cytoplasme suite au traitement génotoxique. C'est la première fois que l'activation de la voie STING/TBK1/IRF3 est mise en évidence dans le contexte tumoral humain. Au plan fonctionnel, nous avons démontré que l'expression de la grande majorité des gènes de la signature IFN/STAT1 conférait une résistance au traitement génotoxique. Au cours de ces travaux, nous avons découvert une localisation subcellulaire inattendue de STING. Alors que cette protéine est habituellement décrite comme résidente du réticulum endoplasmique, nous avons détecté sa présence à la membrane interne du noyau des cellules cancéreuses. Cette observation nous a conduit à découvrir que STING stimulait la réparation de l'ADN des cellules cancéreuses, en interagissant avec le complexe nucléaire de réparation DNA-PK, et en stimulant son assemblage aux sites de cassures de l'ADN. Ainsi, l'inhibition génétique de STING augmente la quantité d'ADN endommagé, diminue la viabilité des cellules cancéreuses, et les rend plus sensibles à un traitement génotoxique. Ces travaux révèlent la première fonction de STING indépendante de l'induction de gènes pro-inflammatoires. Au vu de la capacité de STING à stimuler l'immunité anti-tumorale (immunosurveillance), des agonistes de STING sont actuellement testés en essais cliniques dans différents cancers. Allant à l'encontre du dogme actuel, notre travail démontre un rôle pro-tumoral de STING intrinsèque aux cellules cancéreuses, impliquant deux mécanismes : l'expression de gènes de survie et la réparation de l'ADN. Cette découverte dévoile un nouveau paradigme quant à l'implication de STING dans le cancer et pose la question de son ciblage thérapeutique. Alors que la tendance actuelle est à la stimulation, son inhibition pourrait dans certains cas être bénéfique.