Rémunérations, travail et niveaux de vie à Dijon à la fin du Moyen-Age
Auteur / Autrice : | Thomas Roy |
Direction : | Martine Clouzot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 27/02/2019 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archéologie, terre, histoire, sociétés (ARTEHIS) (Dijon) |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Thomas Flum |
Examinateurs / Examinatrices : Martine Clouzot, Thomas Flum, Sylvie Bepoix, Pascal Chareille, Patrice Beck | |
Rapporteur / Rapporteuse : Philippe Bernardi, Sandrine Victor |
Mots clés
Résumé
La rémunération du travail est un concept familier dans le monde contemporain. Les sociétés médiévales l’ont aussi connu sous différentes formes. Mais ce que l’on sait moins, c’est dans quelle proportion, ce qui influence son niveau et dans quelle mesure elle joue un rôle dans les niveaux de vie. Voici, les questions centrales qui guident ce travail avec comme point d’amarrage : Dijon à la fin du Moyen Âge. La richesse du patrimoine archivistique qui concerne la ville de Dijon offre un matériel de première main pour l’étude des rémunérations médiévales. Un premier point d’observation s’est établi sur la période 1370-1395 où le croisement de différents documents a permis d’observer systèmiquement la place des rémunérations au sein de la société dijonnaise. Deux autres points d’observation ont été placés sur les domaines viticoles ducaux et sur la législation municipale en matière de prix et de salaire dans une perspective diachronique élargie au XVe siècle.La création d’une base de données a permis de recueillir plus de 12000 rémunérations couvrant la période 1370-1395. Elle rend compte d’une activité rémunératrice importante tant dans le secteur du bâtiment, de l’artisanat que de la vigne. La cartographie des rémunérations versées montre leur impact sur l’ensemble de la ville et bien au-delà. Leur recoupement avec les comptes d’imposition permet d’évaluer la part de la population dijonnaise rémunérée et son niveau de vie. En effet, nos documents ne nous permettent pas de saisir l’ensemble de la population active : seulement 20 % des chefs de feu de la ville sont rétribués. Et la société médiévale peine à donner un nom aux rémunérations. Cette étude montre que le travail est quantifié de différentes manières : les unes se fondant sur des calculs précis de travail journalier ou de mesure de la production, les autres associant rémunérations en nature. Néanmoins, les montants des rémunérations sont calculés à partir d’aspects concrets : l’expérience du travailleur, sa technique et son savoir-faire, la difficulté de la tâche, la pénibilité et la quantité produite. Les tâches les plus dures techniquement sont aussi les mieux rétribuées. De même, l’évolution professionnelle s’accompagne d’une valorisation salariale. Si ces aspects rejoignent une pratique moderne de la rémunération, elle s’effectue dans des structures de travail petites, enchâssée dans le cadre large de la famille.La rémunération tardo-médiévale du travail est donc composite et si quelques travailleurs deviennent riches, elle est difficilement saisissable dans son importance à subvenir aux besoins de chacun. Et les interventions politiques ne cessent de vouloir les contraindre et limiter leur hausse. Tout au long du XVe siècle, la commune de Dijon et le duché de Bourgogne promulguent des ordonnances sur les rémunérations des vignerons, elles font écho à celles qui visent à limiter le prix du pain. Ces ingérences montrent toute l’importance que revêt la rémunération du travail à la fin du Moyen-Âge et donne aussi les moyens d’approcher la notion de salaire réel.