Thèse soutenue

Le mensonge comme manœuvre d’acquisition de légitimité organisationnelle : considérations éthiques et processus de réalisation
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Auteur / Autrice : Lobna Baccouche
Direction : Samuel MercierOlfa Zeribi-Benslimane
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion
Date : Soutenance le 18/12/2019
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Université de Carthage (Tunisie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches en gestion des organisations (CREGO) (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Patrice Laroche
Examinateurs / Examinatrices : Samuel Mercier, Olfa Zeribi-Benslimane, Patrice Laroche, Marc Valax, Salma Ayadi, Wafa Khlif
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrice Laroche, Marc Valax

Résumé

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Le présent travail de recherche a pour objectif de focaliser l’attention sur le concept de « mensonge de légitimation » afin de briser les tabous l’entourant et apporter un éclairage théorique sur un phénomène organisationnel prégnant. Il vise, particulièrement, à fournir des éléments de compréhension sur la façon dont certains entrepreneurs agissent afin d’acquérir, moyennant le mensonge, une légitimité initiale à leurs petites et nouvelles entreprises. Cette légitimité leur permet de remporter le soutien des parties prenantes et d’accéder aux ressources requises pour le développement de leurs activités. L’étude de l’association antinomique du mensonge et de la légitimité nous a amené à nous pencher sur deux questions : la première question est liée aux considérations éthiques du mensonge et la deuxième question concerne son processus de réalisation.Sur le plan théorique, notre étude a procédé à une réévaluation des approches morales classiques et a proposé une nouvelle alternative dépassant les anomalies opérationnelles dépistées. Par ailleurs, la multi-dimensionnalité du processus du mensonge a été démontrée par le croisement de plusieurs champs disciplinaires examinant, à la fois, la cognition, les échanges sociaux et les émotions.Sur le plan méthodologique, notre étude s’est basée sur une approche qualitative explorant en profondeur les perceptions, les caractéristiques ainsi que le processus du mensonge de légitimation auprès d’une vingtaine d’entrepreneurs tunisiens. L’examen des données collectées s’est appuyé sur des analyses de contenu complétées par des démarches assignées aux cartes visuelles.Les résultats ont suggéré un processus du mensonge de légitimation composé de cinq phases : (1) une phase d’identification de problèmes, en lien avec la légitimité organisationnelle, dont les solutions reconnues sont inaccessibles. (2) Une phase de construction de la manœuvre mensongère permettant à l’entrepreneur d’identifier ses complices, les parties prenantes victimes et de déterminer la forme et le contenu du mensonge. Durant cette phase, des émotions morales négatives, telles que l’anxiété et la culpabilité, sont susceptibles d’émerger chez l’entrepreneur. Elles reflètent, par leur nature, la valeur éthique associée au mensonge. (3) Une phase de prise de décision, lors de laquelle l’entrepreneur, poussé par ses ambitions et par d’autres facteurs environnementaux, procède à la rationalisation de son comportement et à la neutralisation des émotions négatives qui en découlent. (4) Une phase de réalisation de la manœuvre mensongère et (5) une phase de contrôle.L’examen des considérations éthiques du mensonge a laissé apercevoir un « espace moral individuel libre », représentant une marge entre les valeurs éthiques individuelles de l’entrepreneur, les normes éthiques et morales de la société et de la profession ainsi que les circonstances, permettant l’émission de certains mensonges sans qu’ils ne soient perçus comme un dépassement des limites éthiques.