L'esclavage noir dans l'Amérique espagnole coloniale des XVIe et XVIIe siècles à travers les documents juridiques
Auteur / Autrice : | Laura Perrey |
Direction : | Rudy Chaulet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, littératures et civilisations romanes. Espagnol |
Date : | Soutenance le 08/02/2019 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024) |
Laboratoire : Institut des sciences et techniques de l'Antiquité (Besançon) | |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Grenouilleau |
Examinateurs / Examinatrices : Rudy Chaulet, Olivier Grenouilleau, David García Hernán, Antonio Gonzales | |
Rapporteur / Rapporteuse : David García Hernán, Alexandra Merle |
Mots clés
Résumé
L’esclavage noir en Amérique espagnole des XVIe et XVIIe siècles à travers les documents juridiques. Dans le cadre de ce travail, nous avons traité dans un premier temps la question des différentes justifications de l’esclavage depuis l’Antiquité jusqu’à l’Époque moderne par les théories aristotéliciennes de l’esclavage par nature, les écrits bibliques ainsi que la question raciale telle qu'elle pouvait être perçue à l'époque. La condamnation officielle de l'esclavage des autochtones américains finalement prononcée par les autorités espagnoles va laisser toutes la place au trafic des esclaves d'origine africaine même si le gros des transactions sera laissé aux marchands portugais qui se lancent dans un commerce à grande échelle qui va durer plus de trois siècles. Dans ce contexte, on analyse comment l’homme noir devient « l’autre » depuis le moment de sa capture et de sa vente en Afrique puis durant sa captivité et durant la traversée avant sa revente en Amérique, comment la personnalité ainsi que le droit naturel à la liberté et se gouverner lui-même lui sont ôtées et niées. Il subit une privation générale de ses droits qu’ils soient naturels ou positifs. Par conséquent, l’esclavage commence par un processus de plusieurs phases de transitions brutales jusqu’à son arrivée en Amérique espagnole.Les traductions et transcriptions de documents authentiques et inédits glanés dans les différents dépôts d'archives nous ont permis de composer un corpus de lois de l’esclavage noir le plus exhaustif possible. Son étude approfondie nous permet de dégager des tendances et observer la complexité du monde colonial. En effet, l’Amérique espagnole des XVIe et XVIIe siècle est un monde violent où la personnalité de l’homme noir est saisie presque uniquement à travers la brutalité, notamment le port d’arme, l’ivresse, les vols, les regroupements dans la rue de jour ou de nuit et les fuites qui le mènent à créer des palenques durablement installés dans les montagnes, ce qui provoque l’inquiétude grandissante chez les Espagnols, en peine pour canaliser cette caste noir et mulâtre toujours plus nombreuse en particulier dans les pôles urbains. Ainsi, il est intéressant de montrer quelles sont les relations qu’entretiennent les différents groupes en présence. Les relations sociales en particulier entre Indiens et Noirs sont d’une dureté inattendue même si parfois des élans de solidarités contre l’ennemi commun apparaissent. Grâce au rôle d’intermédiaires entre leur maître et les Indiens, les Noirs dans un sentiment nouveau de supériorité numérique, s’assimilent aux Espagnols et commettent de nombreux abus et mauvais traitements à l’égard des natifs par mimétisme et phénomène compensatoire. Ainsi que nous proposons à travers l’étude de différents documents juridiques, on ne peut lire ce monde de manière manichéenne où la place de chacun n’est pas figée mais plutôt en perpétuel mouvement est composé d’Espagnols oisifs, de Noirs qui s’enfuient pour échapper à leur maître, d’Espagnols qui les aident en leur fournissant des denrées alimentaires pour survivre, d’autres Noirs qui essaient d’occuper des postes assez haut placés réservés aux Blancs, d’autres encore qui devenus affranchis sont faits soldats par les autorités pour assurer la protection des villes portuaires de l’empire, des relations entre Noirs et Indiens tour à tour conflictuelles et solidaires, des mulâtres de plus en plus nombreux. On notera que dans de rares cas, esclaves ou maîtres font preuve de solidarité, d’empathie et de compassion envers autrui.