Thèse soutenue

Étude fonctionnelle du récepteur couplé aux protéines G orphelin GPR88 et modulation de son activité pharmacologique à l’aide de fragments d’anticorps VHH (nanobodies)

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Auteur / Autrice : Thibaut Laboute
Direction : Jérôme Becker
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 17/12/2019
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé, Sciences Biologiques et Chimie du Vivant (Centre-Val de Loire ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Physiologie de la Reproduction et des Comportements (Tours)
Jury : Président / Présidente : Catherine Belzung
Examinateurs / Examinatrices : Julie Le Merrer, Brigitte L. Kieffer, Jorge Diaz
Rapporteurs / Rapporteuses : Julie Kniazeff, Marc Parmentier

Résumé

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Les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) sont des récepteurs à 7 domaines transmembranaires. Ces RCPG ont pour fonction principale d’intégrer un signal extracellulaire en une cascade d’évènements intracellulaires. Les RCPG sont impliqués dans le contrôle de nombreux processi biologiques et sont la cible d’environ 30% des traitements pharmacologiques actuels. La famille des RCPG est constituée de plus de 1000 membres, parmi lesquels les récepteurs dits « orphelins » (environs 140) pour lesquels aucun ligand endogène n’a encore été identifié.Le récepteur GPR88 est un récepteur orphelin exprimé dans le SNC, et plus particulièrement dans les régions striatales. Son implication a été proposée dans de nombreuses pathologies neuropsychiatriques telles que l’addiction, la schizophrénie ou la Chorée de Huntington. Mais, sa pharmacologie reste peu connue et les outils pharmacologiques disponibles pour étudier sa fonction sont très limités. Dans ce contexte, les objectifs de ma thèse ont été : 1) d’étudier la pharmacologie du récepteur GPR88, et sa capacité à moduler l’activité d’autres RCPG, et 2) d’identifier et de caractériser des outils pharmacologiques innovants, sous la forme de fragments d’anticorps, ciblant le récepteur GPR88 et modulant son activité.Le point de départ du 1er volet de ma de thèse a été le constat d’une augmentation de la signalisation du récepteur aux opioïdes delta (DOR) sur la voie des protéines G chez les souris Gpr88 KO, qui nous a conduit à émettre l’hypothèse d’une interaction physique et fonctionnelle entre GPR88 et DOR, mais aussi, potentiellement, entre GPR88 et d’autres RCPG. Nous avons ainsi révélé que GPR88 forme des hétérodimères avec les trois récepteurs aux opioïdes (DOR, le récepteur mu aux opioïdes MOR et le récepteur kappa aux opioïdes KOR), et inhibe leur signalisation (G et b-arrestine (b-arr) dépendantes). Chez les souris Gpr88-/-, la perte de l’influence de GPR88 sur la signalisation de MOR se traduit par une augmentation drastique de la sensibilisation comportementale à la morphine. Nous avons ensuite étendu l’évaluation de l’effet de la co-expression de GPR88 à d’autres RCPG exprimés ou non dans le striatum. Nous avons alors découvert que GPR88 diminue l’activation de la voie G de la plupart des récepteurs dont il est proche physiquement, mais qu’il entrave le recrutement des b-arr à tous les récepteurs testés. Ce travail montre pour la première fois que GPR88 est capable de biaiser la signalisation d’autres en bloquant le recrutement des b-arr même en l’absence de formation d’hétérodimères avec le RCPG cible.Il n’existe à l’heure actuelle que 3 ligands ciblant le récepteur GPR88, 3 agonistes de faible efficacité. Dans le 2e volet de mes travaux de thèse, j’ai mis en œuvre une nouvelle stratégie pour identifier des molécules capables de reconnaitre GPR88 et d’en moduler l’activité : l’identification et la caractérisation de fragments d’anticorps simple chaine, ou nanobodies (VHH), capables de lier le récepteur. Ils partagent les caractéristiques d’affinité et de spécificité des Ig entières, mais sont moins immunogènes, plus simples à générer et à produire en système procaryote, et peuvent être administrés par diverses voies. Un lama a tout d’abord été immunisé avec des membranes de cellules exprimant GPR88 puis une banque de phages a été constituée à partir des ARNm codant pour les Ig simple chaine de l’animal. Le criblage de cette banque m’a permis d’identifier 2 nanobodies capables de lier GPR88, avec une forte affinité. Ils VHH se comportent comme un ligand de GPR88 avec un profil pharmacologique très atypique. Nous avons montré in vitro qu’il se comporte comme un agoniste inverse de GPR88 lorsqu’il est administré seul ; mais en présence d’un agoniste il se comporte comme un modulateur allostérique positif. De manière remarquable, nous avons retrouvé ce même profil après administration intra-cérébroventriculaire du VHH in vivo chez la souris.