Thèse soutenue

Poétique de l'aube : la traversée du fantasme dans Dernier Royaume de Pascal Quignard
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Auteur / Autrice : Michael Jeulin
Direction : Christine Dupouy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres Modernes
Date : Soutenance le 01/02/2019
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions culturelles et discursives (Tours)
Jury : Président / Présidente : Hélène Maurel-Indart
Examinateurs / Examinatrices : Bruno Blanckeman
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie Joqueviel-Bourjea, Chantal Lapeyre-Desmaison

Résumé

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En 1998, Pascal Quignard commence l’écriture d’une partie de son œuvre appelée Dernier royaume. Le premier tome, intitulé Vie secrète, augure une série de 14 tomes, dont 10 sont à ce jour publiés. Dernier royaume occupe une place particulière dans l’ensemble de l’œuvre de Quignard. L’ombre y tient une place essentielle, en tant qu’elle indique une béance dans le savoir de l’Autre. Une chaîne étrangère à la foi du sujet en surgit, qui le relie à un objet qui vient à la place de l’image manquante de l’origine. Par cette chaîne, le sujet quitte le bord de l’Autre. Au cours de sa traversée, le sujet déploie son fantasme. Des images involontaires surviennent dans la nuit. Le sujet y déplie ses rêves, ses aspirations, et ses craintes, entre deux rives. Il y rencontre des lieux précaires, incertains, isolés. Ces lieux apparaissent comme le heim du sujet. Au cours de sa traversée, le sujet s’éloigne du bord de l’Autre, jusqu’à faire l’épreuve d’une confrontation avec l’abîme. Le sujet comprend que le fantasme fonctionne comme un écran. Il y fait l’épreuve de la déréliction, et de sa propre destitution subjective. La passe correspond à un moment de retournement dans la nuit. Le néant auquel le sujet avait abouti se retourne en un point ex-nihilo, à partir duquel il est possible de créer, et d’inventer. Quignard appelle les désarçonnés ceux qui font l’épreuve de cette déréliction. Ils en reviennent comme marqués d’une altérité radicale. La plupart d’entre eux commencent alors une vie nouvelle, une vie à laquelle ils renaissent, une vie souvent orientée par un travail de création. Pour les écrivains, un texte en tant qu’inouï s’extrait de cette berge du réel. En prenant appui sur ce réel mystérieux, qui ek –siste au symbolique, Dernier royaume s’inscrit notamment dans un type de littérature spécifique que Lacan définit comme la lituraterre.