Rôle des connexines 43 astrocytaires : une étude fonctionnelle dans un modèle murin de dépression basé sur le stress chronique
Auteur / Autrice : | Benjamin Portal |
Direction : | Bruno Guiard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 26/11/2019 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches sur la Cognition Animale (Toulouse ; 2003-....) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les cellules gliales dont les astrocytes - au moins aussi nombreux que les neurones dans le cerveau - joueraient un rôle important dans l'anxiété, la dépression et probablement dans la réponse aux antidépresseurs. Plusieurs études menées chez l'Homme et l'animal vont dans ce sens puisqu'elles mettent en évidence une association entre des changements d'expression de différents marqueurs astrocytaires et la sévérité de ces troubles psychiatriques. C'est notamment le cas de la connexine 43 (Cx43), une protéine transmembranaire impliquée dans la formation de deux unités fonctionnelles distinctes : les jonctions communicantes (JCs) qui assurent la communication entre deux astrocytes voisins et les hémicanaux (HCs) dont le rôle est de libérer de molécules neuro-actives (gliotransmetteurs i.e. glutamate, ATP, D-sérine) dans la fente synaptique. En effet, une diminution de l'expression des Cx43 a été rapportée dans différentes régions cérébrales de patients dépressifs et dans des modèles murins de dépression. En revanche, d'un point de vue fonctionnel, l'induction d'un phénotype ''anxio-dépressif'' serait associée à une diminution de l'activité des JCs et à une augmentation de l'activité des HCs. Face à ces effets opposés, l'objectif de cette thèse était de caractériser plus finement le rôle des Cx43 dans les comportements ''anxio-dépressifs'' et la réponse aux psychotropes en utilisant des approches d'inactivation génétiques et pharmacologiques de ces protéines. Nos résultats montrent que l'inactivation génétique des Cx43 dans l'hippocampe n'entraine aucun effet neuro-comportemental. En revanche, dans un modèle de dépression basé sur l'exposition chronique des souris à la corticostérone (modèle CORT), l'inactivation génétique des Cx43 exerce des effets de type anxiolytiques-antidépresseurs. D'un point de vue mécanistique, ces effets seraient liés à une diminution de la libération hippocampique de glutamate par les HCs et à une atténuation de la réactivité de l'axe hypothalamo-hypophysaire (HPA). Concernant l'inactivation pharmacologique des Cx43, nos travaux apportent des évidences expérimentales sur le fait que l'administration systémique de carbenoxolone, un bloqueur des connexines, potentialise la réponse aiguë d'un inhibiteur de recapture de la sérotonine en conditions basales, mais s'oppose à ses effets bénéfiques chroniques dans un modèle de dépression. Le microenvironnement cellulaire semble donc essentiel dans la manière dont les Cx43 influencent la réponse aux antidépresseurs. L'ensemble de ces résultats de thèse laissent entrevoir un rôle des Cx43 astrocytaires dans la régulation de l'humeur via la modulation de circuits neuronaux convergeant vers l'axe HPA. Ils soulignent également l'intérêt de moduler les Cx43 pour renforcer l'activité thérapeutiques des antidépresseurs actuellement disponibles. Les futures recherches devront préciser les modalités de ces nouvelles stratégies combinant des agents pharmacologiques à tropisme astrocytaire et neuronal.