Thèse soutenue

Les nouvelles frontières du développement : l'idéologie durable, une analyse sémiotique des textes onusiens

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Auteur / Autrice : Carlo Andrea Tassinari
Direction : Alessandro Zinna
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 20/12/2019
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : PROJEKT (Nîmes)
Jury : Président / Présidente : Claudio Paolucci
Examinateurs / Examinatrices : Alessandro Zinna, Denis Bertrand, Nicole Pignier, Marie-Angèle Hermitte
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Bertrand, Nicole Pignier

Résumé

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La thèse propose une généalogie du concept de « développement durable » par une analyse sémiotique de l’archive onusien. Le but est de dégager les contraintes idéologiques du discours juridique et parajuridique sur le « durable », à partir d’une typologie des discours des Sommets de la Terre de 1972 à 2012. Articulée en trois parties, la recherche s’ouvre sur la construction conjointe de la problématique des crises écologiques actuelles et du développement corrélatif du droit international de l’environnement : elle montre que les crises écologiques sont définies non pas comme des crises de la « nature en soi », mais d’abord comme des crises de la catégorie du « naturel » par opposition au « culturel » ; et qu’une telle catégorisation a orienté la formation des concepts théoriques et pratiques à la base du droit international de l’environnement. Dans la seconde partie, la thèse met en place les outils théoriques et méthodologiques pour l’analyse du corpus. À partir d’un état des lieux de la sémiotique juridique – ayant pris historiquement pour objet les textes et les interactions – la recherche aborde le corpus des Sommets dans la perspective plus large d’une sémiotique des cultures fondée sur l’unité d’étude de la « formation sémiotique ». De dérivation foucaldienne, le concept de formation met en évidence les liens entre discours, technologies et pratiques, permettant ainsi de retracer les logiques de contamination entre droit, science, politique et environnement donnant lieu à l’élaboration du concept de « développement durable ». En retraçant ces dérivations, la recherche met en évidence les tendances du droit international de l’environnement à une époque marquée par l’hybridation croissante entre humains et non-humains. La troisième partie propose une analyse ponctuelle des documents onusiens qui attestent les articulations généalogiques majeures du concept de « durable ». Tout en ayant un rôle de premier plan dans l’intégration juridico-politique des enjeux écologiques, cette notion résout la tension environnement/développement par la construction juridique d’un marché d’éthique environnementale, permettant de pérénniser le souci de la croissance par la traduction d’une limite écologique en valeur économique. C’est ce qui en fait une « idéologie durable », c’est-à-dire l’histoire d’un marché conçu pour durer, contre tout récit catastrophiste.