Thèse soutenue

Sociologie de l'alimentation de rue : la socialisation alimentaire aux seuils des espaces publics et privés dans les kampungs de Jakarta

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Laura Arciniegas-Rozo
Direction : Jean-Pierre PoulainNicolas Bricas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 14/03/2019
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche Travail, organisation, pouvoir (Toulouse ; 1994-....)
Jury : Président / Présidente : Manuelle Franck
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Poulain, Nicolas Bricas, Charles-Édouard de Suremain, Dominique Desjeux, Muriel Figuié
Rapporteur / Rapporteuse : Charles-Édouard de Suremain, Dominique Desjeux

Résumé

FR  |  
EN

Dans les kampungs pauvres de Jakarta, le modèle alimentaire est caractérisé par des consommations fréquentes et plutôt solitaires, par le recours majoritaire et quotidien à l’alimentation de rue et par un affaiblissement des pratiques culinaires dans le foyer. Le système alimentaire est intégré au réseau économique informel et s’inscrit dans le contexte typique des slums des villes du Sud Global caractérisé par l’hybridité entre les modes de vie urbain et rural, par de fortes densités à l’échelle du foyer et du voisinage, et par l’intégration spatiale des différents domaines de la vie (résidence, travail, religion, éducation, vie publique et sociale). Cette thèse a pour objectif d’apporter des éléments explicatifs depuis la socio-anthropologie des relations entre les modes de socialisation alimentaire et les configurations de ces espaces de vie. Suivant trois axes analytiques (social, économique et spatial), une enquête ethnographique composée de plusieurs méthodes et une enquête quantitative représentative de la population adulte d’un kampung ont été menées. À travers l’analyse de ces données ce travail démontre la pluralité des itinéraires alimentaires journaliers et présente un mangeur autonome autant dans ses choix alimentaires que dans les temporalités. Cette autonomie est renforcée par des préférences pour l’achat de produits prêt-à-manger et s’articule autour de la valeur sociale des échanges entre vendeurs et acheteurs. La morphologie sociale du kampung se caractérise par des liens de voisinage, de parentèle et d’interconnaissance construits sur les traces des migrations qui ont composé la population et qui se renforcent par la situation de précarité. Les frontières entre les espaces privés et publics s’estompent au profit d’une communalisation des ressources où les relations entre mangeurs et vendeurs dépassent les liens marchands pour s’ancrer plus profondément sur la solidarité et le sentiment d’appartenance. Le changement social que connaissent certaines familles se manifeste par l’accentuation matérielle et symbolique de la frontière entre le monde « public » et « privé » et par des socialisations alimentaires qui ont lieu désormais à l’extérieur, dans la kota.