La modularité du traitement de haut-niveau des couleurs : l’apport de la neuropsychologie
Auteur / Autrice : | Katarzyna Siuda-Krzywicka |
Direction : | Paolo Bartolomeo |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 10/09/2019 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut du cerveau (Paris ; 2009-....) |
Jury : | Président / Présidente : Richard Lévy |
Examinateurs / Examinatrices : Charlotte Jacquemot, Christoph Witzel, Christophe Pallier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Catherine Bachoud-Lévi, Jules B. Davidoff |
Mots clés
Résumé
Nous avons examiné comment des lésions cérébrales chez l'homme affectent les interdépendances entre trois modules de traitement cortical de la couleur, notamment : la perception, la dénomination et la connaissance de la couleur de l'objet. Nous avons étudié la catégorisation des couleurs - un exemple de l'interaction entre la perception et le langage. Les preuves provenant du développement cognitif, de la psychologie comparée et des neurosciences cognitives suggèrent que la catégorisation des couleurs ne provient ni de la perception ni du langage, comme le présume le débat Nature-Nurture. Les catégories de couleurs peuvent plutôt refléter des objets pertinents dans l'environnement. Pour évaluer la causalité entre la catégorisation et la dénomination, nous avons étudié un patient victime d'un AVC, le RDS. Malgré de difficultés pour nommer les couleurs chromatiques, résultant d’une lésion occipito-temporale gauche, la catégorisation des couleurs était relativement épargnée chez RDS. Des expériences d'IRM multimodale ont révélé que la connectivité perception-langage est essentielle pour un nommage efficace des couleurs, mais pas pour une catégorisation. L’étude de la connaissance de la couleur des objets dans le contexte de la dégradation des noms de couleurs de RDS a montré que celui-ci ne pouvait pas lier la perception des couleurs au langage ni à la connaissance sémantique. Il ne pouvait pas associer une couleur visuelle à un nom de couleur ou à la forme de son objet typique. Globalement, nous avons démontré trois ségrégations fonctionnelles dans le traitement cortical des couleurs, entre : (1) la catégorisation et la dénomination des couleurs, (2) la dénomination des couleurs chromatiques et achromatiques et (3) la connaissance des objets colorés et celle des couleurs abstraites. Les mécanismes corticaux du traitement des couleurs pourraient avoir pour objectif de lier des informations sensorielles et sémantiques afin de guider le comportement lié aux objets, en réalisant (1) une perception des couleurs stable, (2) des catégories de couleurs pertinentes et (3) des représentations mentales communes des formes et des couleurs. L'évolution culturelle peut avoir recyclé les circuits neuronaux nécessaires à ces processus pour isoler la couleur de l'objet et l'étiqueter avec des noms de couleur.