Thèse soutenue

Patrons spatiaux et processus écologiques de déprédation par les grands carnivores : le cas de l’ours brun et des troupeaux domestiques en Europe de l’Ouest

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Auteur / Autrice : Adrienne Gastineau
Direction : François SarrazinAlexandre Robert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie de la conservation
Date : Soutenance le 08/11/2019
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre des sciences de la conservation (Paris ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Julien Gasparini
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Yves Quenette, Olivier Gimenez, Marion Valeix
Rapporteurs / Rapporteuses : Jon E. Swenson, Guillaume Chapron

Résumé

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Les conflits entre l'homme et la faune sauvage constituent une menace pour les espèces en voie de disparition, ce qui met en péril sa conservation à l’échelle mondiale. En particulier, préserver les grands carnivores pose le défi de la coexistence avec les humains. En Europe, le chevauchement entre activités humaines et habitats naturels est inévitable. Ce chevauchement induit des interactions parfois négatives avec les grands carnivores. La prédation sur les troupeaux domestiques, ou déprédation, est l'un des principaux facteurs limitant leur acceptation. La déprédation est un conflit très répandu à l'échelle mondiale et semble particulièrement intense dans les zones de recolonisation. Afin de réduire les dommages causés aux troupeaux, il est nécessaire de comprendre comment la déprédation varie dans l'espace et dans le temps. La conservation des populations d'Ours brun (Ursus arctos) dans les Pyrénées et dans les Alpes italiennes, populations renforcées par la translocation d’individus Slovènes, offrent des cas d'études pertinents pour illustrer cette problématique. Dans cette thèse, je me suis intéressée dans un premier temps à l'agrégation spatiale des événements de déprédation dans les Pyrénées Centrales françaises à l’aide d’un test du Getis- Ord de dépendance spatiale. Cette analyse a mis en évidence la présence de points chauds significatifs de déprédation de l'ours brun (ou foyers d’attaque) ainsi que l'absence de zones froides. Les points chauds de déprédation sont autocorrélés dans le temps, ce qui signifie qu'un point chaud d'une année est susceptible d'exister au cours des années suivantes. A une échelle plus fine, cette analyse a permis d’identifier des points chauds inter- et intra-estives et une méthode simple pour redimensionner ces résultats à plus large échelle est proposée. Les phénomènes de déprédation ont été identifiés comme étant concentrés dans des points chauds et liés à certaines caractéristiques environnementales ("effet site"). L'objectif était d'identifier les principaux facteurs paysagers où les troupeaux domestiques étaient les plus vulnérables à l'ours brun. La transférabilité des résultats développés dans un contexte local spécifique a été évaluée par la comparaison des populations Pyrénéenne et Alpine. Dans les deux populations, nous avons analysé l'activité de l'ours brun, le terrain, l'infrastructure humaine et les variables d'habitat pour la période 2010 - 2017. Les résultats indiquent que l'activité de l'ours brun, la proportion de prairie, la distance par rapport à la forêt et la rugosité du terrain sont fortement associées au risque de déprédation, de façons similaires dans les deux zones d'étude. Au-delà des effets de l’environnement, les comportements individuels des prédateurs sont susceptibles d’influencer les patrons de déprédation. Les choix effectués par les ours au cours de leurs déplacements engendrent des spécificités d’utilisation de leur habitat et des items alimentaires pouvant participer à la création des points chauds de déprédation. Ainsi, les caractéristiques des mouvements des individus peuvent être motivés par différentes activités comme la recherche de nourriture ou d’un partenaire pour la reproduction. Enfin, éviter et réduire les dégâts liés aux grands carnivores peut participer à l’amélioration de leur statut de conservation par la biais de l’amélioration de leur tolérance par les humains. Un panorama des situations de conflit entre les humains et les carnivores à l’échelle mondiale a été dressé afin d’évaluer l'efficacité de trois catégories de réponses aux conflits (non létales, translocations et létales)...