Thèse soutenue

Étude de la propagation prion-like de l'alpha-synucléine dans des réseaux de neurones reconstruits

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Josquin Courte
Direction : Jean-Michel PeyrinCatherine Villard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 03/10/2019
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Neurosciences Paris-Seine (2014-....) - Physico-chimie Curie (Paris ; 1996-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Claude Potier
Examinateurs / Examinatrices : Carole Crozet, Christophe Cullin
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Baron, Vincent Béringue

Résumé

FR  |  
EN

Les maladies neurodégénératives (telles que les maladies de Parkinson et d’Alzheimer) sont caractérisées par l’agrégation de protéines mal repliées en dépôts insolubles. Ces dépôts engendrent des dysfonctions cellulaires, et semblent donc avoir un rôle fondamental dans le développement de ces pathologies. L’apparition de ces dépôts se fait de façon stéréotypée dans des sous-groupes de patients. Notamment, dans la maladie de Parkinson, la petite protéine présynaptique alpha-synucléine (aSyn) est le composant principal d’agrégats dénommés corps de Lewy et neurites de Lewy. Les corps et neurites de Lewy apparaissent suivant un patron dénommé « staging de Braak » dans une sous-partie conséquente des patients. Dans une certaine mesure, le patron d’apparition des agrégats semblent suivre la connectivité neuro-anatomique entre les régions cérébrales, ce qui suggère que l’agrégation puisse se propager dans les réseaux neuronaux.L’étude des maladies prions telles que le kuru ou la maladie de Creutzfeldt-Jakob a mis en évidence un mécanisme original de propagation du mérepliement des protéines. La protéine PrP s’agrégeant dans ces pathologies est en effet capable d’adopter au moins deux conformations radicalement distinctes. L’une, pathologique, forme des agrégats, tandis que la forme fonctionnelle ne s’agrège pas. Par des mécanismes encore mal compris, mais qui potentiellement similaires à la formation de fibres amyloïdes, la protéine pathologique est en mesure de convertir la protéine fonctionnelle en sa forme anormale, et à l’inclure dans des agrégats. La forme anormale de la protéine est donc capable de s’auto-propager, et cela de cellule à cellule et d’organisme à organisme. De nombreuses similitudes dans les caractéristiques biochimiques et moléculaires des agrégats présents dans les maladies neurodégénératives non prions ont mené à l’hypothèse que l’agrégation protéique se fait suivant des modalités similaires aux maladies à prions. Suivant ce scénario, l’agrégation protéique est en mesure de se propager de neurone à neurone dans le cerveau via les connexions neuronales, et ainsi suivre un patron stéréotypé dépendant de l’interconnexion des régions successivement touchées. Cette hypothèse est dénommée « prion-like ».Cependant, les mécanismes expliquant la génération d’un patron stéréotypé de développement prion-like des agrégats d’aSyn restent obscurs. Le but de ma thèse a été d’aborder les déterminants de la propagation de l’agrégation de l’aSyn dans des réseaux de neurones hétérogènes grâce à des modèles in vitro. J’ai tout d’abord évalué si différentes régions du cerveau de souris mises en culture primaire présentaient la même vulnérabilité au recrutement de l’aSyn soluble dans des agrégats pathologiques introduits dans le milieu extracellulaire. J’ai pu mettre en évidence que la vulnérabilité de neurones striataux, corticaux et hippocampaux était fortement différente, et que le facteur déterminant cette vulnérabilité était le niveau d’expression endogène de l’aSyn. J’ai ensuite développé un système de culture permettant la reconstruction contrôlée de réseaux de neurones binaires in vitro, composés de neurones primaires murins, dont les connexions sont parfaitement orientées d’un compartiment vers l’autre, un prérequis pour l’étude de la propagation d’un agent pathogène auto-propagatif. Un tel système est parfaitement original, et n’avait jamais été publié auparavant. J’ai finalement modélisé la propagation prion-like de l’aSyn dans de tels réseaux, en y introduisant des agrégats exogènes d’aSyn fluorescents dans le compartiment « présynaptique » et en évaluant la propagation de l’agrégation au compartiment « postsynaptique ». Ce transfert ne peut se faire que via les connexions neuronales poussant depuis le compartiment présynaptique, les deux compartiments étant fluidiquement isolés. [...]