L’indiscrétion du rococo : épier, découvrir, surprendre dans la première moitié du XVIIIe siècle français
Auteur / Autrice : | Floriane Daguisé |
Direction : | Christophe Martin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation française |
Date : | Soutenance le 22/11/2019 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Frantz |
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Faroult, Jean-Christophe Abramovici | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Aurélia Gaillard, Christelle Bahier-Porte |
Mots clés
Résumé
Cette étude a pour objet la présence, récurrente et diversifiée, d’un témoin voyant sans être vu ou écoutant sans être écouté dans les fictions littéraires et visuelles de la première moitié du XVIIIe siècle. Situation conditionnée par la non-visibilité et la marginalité, l’indiscrétion modèle une relation asymétrique entre un personnage caché, dans l’ombre, et l’objet de sa perception, mis en lumière. La reprise de motifs topiques (mari cocu, belle endormie ou au bain) n’épuise pas la richesse du phénomène ; son importance numérique, dramatique et symbolique invite à en mesurer l’intérêt, la valeur, la portée. De Fontenelle à Rousseau, de Watteau à Hubert Robert, l’indiscrétion dessine un réseau de préoccupations contemporaines. Le décentrement, la transgression et le dévoilement induits par la présence indiscrète témoignent de perspectives complémentaires qui entrent en résonance avec l’esthétique « rococo », faisceau de tendances dont le détour est l’une des modalités prépondérantes. L’indiscrétion relève d’un infléchissement déterminant des traditions poétiques et esthétiques ; elle interroge des frontières en configuration, celles des sphères privée et publique, celles isolant et densifiant l’intimité ; elle manifeste enfin une conception épistémologique de la découverte, fonction d’une curiosité ambivalente. Par cette mise en scène de l’accès aux événements et aux discours, c’est en définitive une réflexion sur le point de vue spectatorial, fictif et réel, qui est proposée au récepteur ultime, moins dédoublé par l’indiscret qu’invité à un redoublement et un renouvellement d’attention.