Thèse soutenue

Voix du pouvoir, voix de l’intime. Les journaux personnels du siège de Leningrad (1941-1944)

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Auteur / Autrice : Sarah Gruszka
Direction : Catherine Depretto
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études slaves
Date : Soutenance le 30/11/2019
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures et sociétés d'Europe orientale, balkanique et médiane (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Lubov Jurgenson
Examinateurs / Examinatrices : Aleksandr Sergeevič Lavrov, Valérie Pozner
Rapporteur / Rapporteuse : Boris Czerny, Nicolas Werth

Résumé

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Épisode tragique largement méconnu du public occidental et fortement légendé du côté soviétique, le siège que subit Leningrad durant près de 900 jours par les Allemands et leurs alliés est un terrain d’observation privilégié pour étudier la réaction des individus à un contexte de violence et de pression extrêmes (la guerre, le blocus, le stalinisme). Source extrêmement riche mais encore sous-exploitée, les très nombreux journaux personnels tenus par les assiégés permettent une incursion dans leur univers mental, offrant ainsi un éclairage inestimable non seulement sur l’histoire du siège de Leningrad, mais plus largement sur le vécu intime de l’époque stalinienne en temps de guerre. D’une part, ils donnent à voir le rôle de la pratique diariste dans des conditions infrahumaines (écriture de la survie et entreprise testimoniale) et mettent au jour une façon singulière de narrer leur expérience (la mort de masse, la famine, la désorientation), rejoignant à ce titre le grand vivier de la littérature des catastrophes. D’autre part, ils montrent la façon complexe dont les Soviétiques réagissaient à un environnement idéologique saturé de propagande. L’articulation de trois piliers de l’idéologie soviétique (ethos collectiviste, internationalisme, héroïsme) par les diaristes révèle une tension permanente entre discours intime et discours officiel. Elle se manifeste à travers un large spectre de positionnements, allant du discrédit à l’intériorisation de la voix du pouvoir. À ce titre, les journaux personnels permettent d’affiner notre compréhension de l’expérience intime du stalinisme, dont l’étude a souvent été cantonnée aux années 1930.