Thèse soutenue

Vie professionnelle et conduites addictives (alcool, tabac, cannabis, mésusage en benzodiazépines) dans la cohorte Constances
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Auteur / Autrice : Guillaume Airagnes
Direction : Marie ZinsCédric Lemogne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique - épidémiologie
Date : Soutenance le 05/07/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cohortes épidémiologiques en population (Villejuif, Val-de-Marne)
établissement opérateur d'inscription : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Henri-Jean Aubin
Examinateurs / Examinatrices : Marie Zins, Cédric Lemogne, Henri-Jean Aubin, Audrey Petit, Georges Brousse, Gwenn Menvielle
Rapporteurs / Rapporteuses : Audrey Petit, Georges Brousse

Résumé

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L’objectif général était d'étudier les liens entre les conduites addictives et différents aspects de la vie professionnelle dans l’infrastructure de recherche CONSTANCES : (1) Estimer les prévalences d'usage de substances en population générale française en fonction des facteurs sociodémographiques et cliniques, (2) Étudier les associations longitudinales entre stress au travail et usage chronique de benzodiazépines, (3) Étudier les associations transversales entre demande émotionnelle au travail et usages d’alcool, de tabac et de cannabis, (4) Étudier les associations transversales entre demande émotionnelle au travail et usage chronique de benzodiazépines, (5) Étudier les associations longitudinales entre usages d’alcool, de tabac et de cannabis et la perte d’emploi.1. Les prévalences d'usage d'alcool, de tabac et de cannabis en population générale ont été estimées. Concernant l’usage chronique de benzodiazépines, sa prévalence était en 2015 de 2,8 % (IC 95% : 2,3-3,4) chez les hommes et de 3,8% (IC 95 % : 3,3-4,5) chez les femmes(n = 9 535).2. Il existait des relations dose-dépendantes entre l’intensité du stress au travail, mesuré par le déséquilibre effort-récompense, et le risque d’usage chronique de benzodiazépines sur une période de suivi de deux ans (n = 31 077), avec un OR = 2,18 (IC 95 % : 1,50-3,16) pour les sujets les plus stressés comparés aux moins stressés, après ajustement pour les facteurs sociodémographiques, les usages d’alcool et de tabac, la dépression et l’état de santé perçu.3. Il existait des associations significatives entre la demande émotionnelle au travail, mesurée par la fréquence de l’exposition stressante au public, et les usages d’alcool, de tabac et de cannabis, en ajustant pour les facteurs sociodémographiques (n=23 641). Concernant l’usage d’alcool, la demande émotionnelle était associée chez les hommes à une augmentation du risque d’alcoolisations paroxystiques intermittentes plus d’une fois par mois (OR = 1,29 (IC 95 % : 1,10-1,51), et chez les femmes à une augmentation des risques de consommation hebdomadaire élevée ou très élevée (OR = 1,59 (IC 95 % : 1,12-2,25) et de trouble de l’usage d’alcool (OR = 2,30 (IC 95 % : 1,54-3,44).4. Il existait des relations dose-dépendantes entre la demande émotionnelle au travail et l'usage chronique de benzodiazépines, en ajustant pour l’âge, le niveau d’éducation et l’indice de déprivation sociale (n=33 195). Les OR étaient de 2,3 (IC 95 % : 1,5-3,6) chez les hommes et de 2,5 (IC 95 % : 1,8-3,4) chez les femmes pour les individus exposés à la plus forte demande émotionnelle comparée à la plus faible. Ces associations persistaient en l’absence d’autres facteurs de vulnérabilité à l’usage des benzodiazépines.5. Les usages d’alcool, de tabac et de cannabis étaient tous associés, de manière indépendante, et suivant des relations dose-dépendantes, au risque de perte d’emploi à un an, en ajustant pour l’âge, le genre, la dépression et l’état de santé perçu(n=18 879). Le risque de perte d’emploi associé à un usage problématique ou de dépendance probable de l’alcool était de 1,92 (IC 95 % : 1,34-2,75) comparé à un usage à faible risque. Il était de 1,78 (IC 95 % : 1,26-2,54) pour les gros fumeurs comparés aux non-fumeurs et de 2,68 (IC 95 % : 2,10-3,42) pour les consommateurs de cannabis au moins une fois par mois comparés aux non-consommateurs.Ces résultats pourraient permettre aux décideurs en santé publique et en santé au travail d'élaborer des stratégies d'information et de prévention destinées à réduire l'usage de substances, notamment en milieu professionnel. En raison de la complexité des interrelations entre conduites addictives et vie professionnelle, ce champ de recherche en épidémiologie devrait poursuivre son développement afin de répondre aux enjeux majeurs de santé publique posés tant par les conduites addictives que par l'exposition aux risques professionnels.