Thèse soutenue

Les capacités adaptatives des communautés de la périphérie de Dakar face aux inondations

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Auteur / Autrice : Moustapha Sokhna Diop
Direction : Yorghos Remvikos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 07/10/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures, environnements, Arctique, représentations, climat (Guyancourt, Yvelines ; 2010-....) - Cultures, environnements, Arctique, représentations, climat (Guyancourt, Yvelines ; 2010-....)
établissement opérateur d'inscription : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Paul Vanderlinden
Examinateurs / Examinatrices : Yorghos Remvikos, Jean-Paul Vanderlinden, Alioune Kane, Sebastian Weissenberger
Rapporteurs / Rapporteuses : Alioune Kane, Sebastian Weissenberger

Mots clés

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Résumé

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Depuis le début des années 2000, les quartiers de la périphérie de Dakar et notamment le Département de Pikine, constitué largement d’ensembles urbains informels, subissent des inondations à chaque saison des pluies. Les processus qui ont conduit à cette situation sont plutôt bien connus et associent le manque d’anticipation, les constructions en zone non ædificandi, intervenues en période sèche et l’arrêt de l’exploitation de l’aquifère sous-jacent, entre autres.Devant le manque d’empressement des pouvoirs publics pour apporter un soulagement aux populations inondées, vivant déjà dans la pauvreté et l’insalubrité, une vaste mobilisation d’organisations civiques est intervenue et tente d’apporter des solutions, parfois dans l’urgence, mais aussi de manière plus durable. C’est justement dans cette mobilisation que nous avons d’abord recherché la constitution de capacités adaptatives, que nous pourrions attribuer aux différentes communautés, vivant dans les quartiers inondés.Nous nous sommes d’abord intéressés aux propositions, issues de la littérature sur le changement climatique, pour nous rendre compte que de tels cadres analytiques statiques, ne pouvaient rendre compte, ni de la diversité d’actions mises en œuvre, ni de leur évolution dans le temps. L’enquête ethnographique et l’observation participante auprès des organisations civiques agissant sur le terrain, durant cinq ans environ, nous a permis de collecter les narratifs, articulant motifs, actions, valeurs et autres éléments culturels, ainsi que des savoirs de l’expérience, voire de constater leur évolution dans le temps.En nous appuyant sur la théorie des pratiques de Pierre Bourdieu, avec des éléments comme le capital social ou culturel, pas comme des concepts fermés, préétablis, mais tels qu’ils ressortaient du corpus de l’enquête de terrain (par exemple : entraide, contrôle social informel, inclusivité et gouvernance, en lien avec chaque organisation…), nous avons ainsi produit un cadre sociologique dynamique, rendant compte des observations empiriques et présentant des boucles de renforcement.Notre constat sur l’existence de « stocks » de capital social, limité à sa composante intra-communautaire, nous a incité à mettre en place un espace de discussion, d’échanges et de partage des expériences, dans le but de générer des synergies et permettant l’élargissement du capital social. Ceci a rencontré de nombreuses résistances, révélant un climat de méfiance, attribuée, selon les dires des participants, aux pratiques manipulatrices, tant d’organisations extérieures que des pouvoirs publics. En outre, nous avons pu montrer qu’à partir des caractéristiques ou discours des organisations, que certaines, dirigées par des notables et dépendantes du statu quo des équilibres de pouvoir, pouvaient être qualifiées de conservatrices, alors que d’autres (la minorité), plus portées vers l’innovation sociale, questionnaient ce statut quo, générant des controverses et des échanges houleux lors des réunions.Si l’action spontanée des communautés, visant à se prémunir des conséquences d’événements climatiques, est réelle et effective, elle participe aussi du processus de l’adaptation aux changements perçus, pas seulement de manière réactive, mais aussi comme recherche d’un mieux vivre. De même, l’expérience dans l’action, renforce les savoirs de l’expérience et pourrait contribuer à la résilience, mais toujours tronquée, tant que ce rôle n’est pas reconnu par les pouvoirs publics.