Thèse soutenue

Etude de l’accumulation d’un antibiotique bactéricide par des bactéries tolérantes en lien avec la persistance bactérienne

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Auteur / Autrice : Mahnaz Sabeti Azad
Direction : Dominique FourmyBruno Le Pioufle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 19/12/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Systèmes et applications des technologies de l'information et de l'énergie (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2002-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Sud (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Stéphanie Bury-Moné
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Fourmy, Bruno Le Pioufle, Frédéric Barras, Marie-Cécile Ploy, Christophe Beloin
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Barras, Marie-Cécile Ploy

Résumé

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Les aminoglycosides (AG) sont une famille d’antibiotiques qui ciblent le ribosome bactérien. À titre d’exemple il s’agit de la néomycine, la gentamicine et la streptomycine. Quand ces antibiotiques se fixent au ribosome, ils provoquent des erreurs de lectures ou inhibent la synthèse des protéines, ce qui conduit à la mort cellulaire. Même s’ils ont été découverts il y a plus d’un demi-siècle, de nombreux aspects de leur mode d’action restent inconnus. L’accumulation des AG dans les bactéries se passe en trois étapes. La première consiste en une interaction électrostatique avec la membrane. La deuxième est une phase I énergie-dépendante (EDPI). Les antibiotiques rentrent dans le cytoplasme, atteignent les ribosomes, ce qui cause des erreurs de lecture et donc la production de protéines mal repliées. EDPI dépend du niveau énergétique de la cellule et le mécanisme d’entrée à travers les membranes reste inconnu. La troisième étape est la deuxième phase énergie-dépendante (EDPII), où l’antibiotique pénètre dans le cytoplasme en grande quantité par des membranes endommagées lors de la phase I. Le but de cette thèse était de créer de nouveaux outils afin d’étudier l’interaction des AG avec les bactéries et d’appliquer la méthodologie à des bactéries en phase rapide de croissance ou bien en état de persistance. Nous avons synthétisé des conjugués fluorescents des AG aux propriétés bactéricides. Avec ces conjugués nous avons analysé l’interaction des AG avec les bactéries à l’échelle de la cellule unique par microscopie de fluorescence. Nous avons combiné cette technique avec la cytométrie de flux (FACS) pour évaluer la cinétique d’accumulation. Cette étude démontre qu’il y a deux types d’accumulation : une à la périphérie avec interaction à la membrane et une deuxième où l’antibiotique est localisé dans le cytoplasme. Notre analyse démontre aussi que de faibles niveaux d’antibiotiques dans le cytoplasme sont tolérés et n’inhibent pas la croissance cellulaire. En utilisant un inhibiteur des phases EDPI et EDPII nous démontrons que cette technique permet de distinguer les différentes étapes de l’accumulation. Au cours d’ajustements du protocole, nous avons découvert que les AG peuvent entrer dans le cytoplasme par mechano-sensation et activation de canaux mécanosensibles (MS). Ces canaux sont connus pour avoir une affinité pour les AG. Ici pour la première fois nous montrons qu’une manipulation mécanique ouvre les canaux et stimule une entrée massive d’antibiotiques. Ce résultat inattendu pourrait permettre de mieux comprendre le mécanisme d’entrée des AG dans le cytoplasme. Après avoir étudié l’accumulation des AG dans les cellules en croissance nous avons étudié la tolérance aux AG pour les bactéries en phase de dormance : les cellules persistantes. Elles forment une sous-population parmi une population sensible. Elles sont en dormance et tolèrent de fortes doses d’antibiotiques. En absence d’antibiotique elles sortent de l’état de dormance pour reformer une population sensible à l’antibiotique. Par microscopie de fluorescence, nous montrons que les cellules persistantes ont une accumulation périphérique d’AG. Grâce à notre méthodologie, nous avons un outil performant pour identifier les différents états d’accumulation des AG. Avant cette étude il était seulement possible de connaître les niveaux d’accumulation mais la localisation de l’antibiotique demeurait inaccessible. Nous avons avec cette méthode étudié deux mutants d’E. coli, qui sont moins tolérants aux AG et identifié leurs caractéristiques d’accumulation. Enfin, nous avons développé un système de microfluidique adapté à l’étude de nos conjugués fluorescents pour étudier en temps réel l’accumulation par les cellules persistantes.