Prise de décision individualisée en immuno-oncologie guidée par l'intelligence artificielle et l'analyse du phénotype tumoral en imagerie médicale
Auteur / Autrice : | Laurent Dercle |
Direction : | Aurélien Marabelle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 12/11/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Saclay (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cancérologie : biologie-médecine-santé (Villejuif, Val-de-Marne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Immunologie anti-tumorale et immunothérapie des cancers (Villejuif, Val-de-Marne) |
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Sud (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Lawrence H. Schwartz |
Examinateurs / Examinatrices : Aurélien Marabelle, Lawrence H. Schwartz, Naiyer A. Rizvi, Andrew F. Laine, Jean-Charles Soria, Binsheng Zhao, Eric Deutsch, Roch Houot, Judith Michels | |
Rapporteur / Rapporteuse : Naiyer A. Rizvi, Andrew F. Laine |
Résumé
Les immunothérapies ciblant les voies du récepteur de la mort cellulaire programmée 1 et de son ligand (anti-PD(L)1) se sont révélées être un traitement efficace pour de nombreux cancers. Le traitement par anti-PD(L)1 constitue un changement de paradigme en oncologie puisque son activité repose sur la restauration d'une réponse efficace des cellules T antitumorales. Deux raisons principales expliquent la nécessité d’identifier des biomarqueurs permettant de prédire la survie et l'efficacité anticancéreuse des anti-PD(L)1. Premièrement, un excès de décès a été observé dans le groupe expérimental d’essais de phase III randomisés comparant les immunothérapies anti-PD(L)1 à la chimiothérapie. Parmi les hypothèses controversées pouvant expliquer cette observation, le manque d'efficacité de l'anti-PD(L)1 chez les patients atteints d'une maladie à croissance rapide (appelés ''progresseurs rapides'') par rapport à un effet paradoxal de l'accélération de la maladie sous immunothérapie (dits ''hyperprogresseurs'') sont souvent mentionnés. Deuxièmement, les critères de réponse en imagerie jouent un rôle essentiel dans la prise en charge des patients cancéreux et définissent une ''stratégie attentiste'' pour les patients avec une maladie évolutive en imagerie. Le mécanisme d’action distinct des anti-PD(L)1, qui restaurent la capacité anti-tumorale du système immunitaire, conduisent à la survenue de profils de réponse non conventionnels tels que la pseudoprogression, l’hyperprogression, l’effet abscopal et les toxicités liées au système immunitaire. Nous avons tiré parti de l’apprentissage automatique pour confronter différents facteurs pronostiques / prédictifs et identifier les biomarqueurs d'imagerie associés à la mort prématurée sous immunothérapie anti-PD(L)1. Nous avons exploité des données transcriptomiques pour déterminer les voies biologiques liées à ces facteurs pronostiques / prédictifs. Nos résultats démontrent qu'un sous-ensemble limité de biomarqueurs d'imagerie peut prévoir la survie globale des patients. La classification de ces biomarqueurs d'imagerie en caractéristiques distinctives fournit une structure conceptuelle et une cohérence logique délimitant les interconnexions entre eux. Ces caractéristiques distinctives peuvent être comprises comme des circuits physiologiques distincts perturbées par le cancer et liés à une survie plus courte : organotropisme hépatique, charge tumorale élevée, hétérogénéité importante dans la vascularisation ou le métabolisme de la tumeur, infiltration le long des bordures de la tumeur, irrégularité de la forme tumorale, forte consommation de glucose, sarcopénie, et métabolisme élevé de la moelle osseuse. En utilisant l’apprentissage automatique, nous avons démontré que l’augmentation de la lactate déshydrogénase sérique et la présence de métastases hépatiques au scanner étaient deux facteurs indépendants de décès prématuré après l’initiation du traitement anti-PD(L)1. L'analyse transcriptomique a identifié des voies de signalisations susceptibles de donner lieu à de nouveaux traitements, et d'améliorer l'efficacité des anti-PD(L)1. Dans une perspective plus large, cela démontre la nécessité de continuer à développer une technologie d'imagerie de pointe pour améliorer la surveillance des patients atteints de cancer traités avec des immunothérapeutiques. Cela implique l'analyse et la liaison des données en pathologie, en oncologie, en radiologie et en médecine nucléaire, ainsi que la capacité de travailler avec de larges ensembles de données. Par conséquent, il est nécessaire de développer des programmes de radiomique pour développer des outils prédictifs utiles au diagnostic, à l'évaluation et à la gestion de tous les types de patients cancéreux. En conclusion, les approches de médecine de précision axées sur la radiomique pourraient améliorer la vie des patients cancéreux traités par immunothérapie anticancéreuse.