« Faire cluster » : entre imaginaire de l’innovation et dynamiques de coopération esquivées
| Auteur / Autrice : | Estelle Vallier |
| Direction : | Philippe Brunet |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Sociologie, démographie |
| Date : | Soutenance le 29/03/2019 |
| Etablissement(s) : | Université Paris-Saclay (ComUE) |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Pierre Naville (Evry) |
| établissement opérateur d'inscription : Université d'Évry-Val-d'Essonne (1991-....) | |
| Jury : | Président / Présidente : Sandra Charreire Petit |
| Examinateurs / Examinatrices : Philippe Brunet, Sandra Charreire Petit, Ève Fouilleux, Michel Grossetti, Séverine Louvel, Guillaume Tiffon | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Ève Fouilleux, Michel Grossetti |
Résumé
Les politiques de clusterisation se présentent comme inédites et porteuses de changement dans un monde, jugé sclérosé, où science et industrie seraient insuffisamment reliées. Regroupant géographiquement laboratoires, entreprises et formations d'un même domaine disciplinaire, les dispositifs de clusters sont, en effet, les produits d'une large rhétorique célébrant leurs bienfaits. Forgée au cœur des instances politiques transnationales par des « chercheurs-experts », venus de la science gestionnaire et économique, la notion de cluster est transposée dans la plupart des politiques publiques des pays industrialisés. Ainsi, dans un cluster français particulier, spécialisé dans les biotechnologies, on observe l'appropriation de cette politique et sa rhétorique. Au-delà de l'attribution d'un label et de services octroyés à ses membres (accompagnement, équipements mutualisés, etc.), le cluster étudié met en mots et en image l'interrelation harmonieuse entre entreprises et laboratoires, productrice d'innovations. Afin d'être conforme à cet imaginaire, il expérimente des formes de mises en relation plurielles. Néanmoins, le procédé de mise en contact reste sensiblement le même : réunir des individus sur des espaces-temps communs et en attendre des coopérations spontanées. Grâce au recours à la méthode d'analyse de réseau, complémentaire des entretiens et observations menés, la thèse montre, qu'à l'épreuve du dispositif, les acteurs manifestent des résistances par leur absence de participation. Au-delà d'un impact limité en termes d'interactions, le processus de clusterisation se révèle même paradoxal. Soumis à des exigences de performance et de confidentialité, propres à leur laboratoire ou à leur entreprise, les individus sont pourtant encouragés à investir les instances de coopération créées par le cluster. Des stratégies d'évitement sont alors à l'œuvre. Les participants esquivent, délibérément, les sujets relatifs à la production scientifique et industrielle, dont l'imbrication est pourtant le fondement du concept de cluster.