Thèse soutenue

Monstres : insurrection de la Chair et Révolution du Voir dans la Nueva Narrativa Argentina : lecture des mutations du monstrueux chez Ariana Harwicz, Fernanda García Lao, Gabriela Cabezón Cámara, Mariana Enríquez et Samanta Schweblin
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Auteur / Autrice : Marie Audran
Direction : Claire SourpNéstor Ponce
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Lettres et civilisations romanes
Date : Soutenance le 13/12/2019
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : COMUE : Université Bretagne Loire (2016-2019)
Laboratoire : Équipes de Recherches Interlangues : Mémoires- Identités- Territoires / ERIMIT
Jury : Président / Présidente : Erich Fisbach
Examinateurs / Examinatrices : Cecilia González
Rapporteurs / Rapporteuses : Erich Fisbach, Graciela Villanueva

Résumé

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Depuis la crise de 2001 une nouvelle génération d’auteur·rices, la Nueva Narrativa Argentina, émerge en Argentine au sein d’un contexte traversé par une révolution féministe qui fait irruption dans une Histoire prise dans la intemperie des crises néolibérales. Cette littérature est peuplée de monstres : de corps qui reviennent comme les fantômes, les revenant·s, les zombis ; de corps queer, dissidents, révoltés ; de corps démembrés, transplantés, amputés, mutilés, brûlés ; de corps précaires, abjects, contaminés, dépossédés. Notre travail invite à examiner les monstres et le devenir monstrueux de laNNA depuis une perspective de genre au sein d’un corpus constitué des romans de cinq autrices - Ariana Harwicz, FernandaGarcía Lao, Gabriela Cabezón Cámara, Samanta Schweblin et Mariana Enríquez – afin de saisir les bouleversements que cette « insurrection de la chair » génère dans le champ littéraire et dans les représentations canoniques et hétéronormatives tout en examinant les déplacements et les réappropriations de la figure du monstre comme figuration, revendication et savoir positif dans la littérature, le féminisme et le champ académique de ces dix dernières années.Nous envisagerons donc la littérature de l’extrême contemporain comme un espace de performance et de déplacements desreprésentations ainsi que d’exploration des métamorphoses du présent où le monstre constitue autant un signe/symptôme qu’un dispositif pour saisir ce qui se tend, ce qui se transforme ; mais aussi pour déconstruire ce qui se cristallise ; et pourexpérimenter et explorer ce qui reste dans le domaine de l’impensé. En ce sens, le monstre inscrit dans la littératurecomme dans la société une « révolution du voir » qui répond à une urgence contemporaine de se réapproprier et d’investir lesespaces et les dispositifs de perception, et de déplacer les catégories et les représentations canoniques et hétéronormatives : de la captive à la monstre, la NNA trace des trajectoires d’émancipation qui reconfigurent l’articulation entre l’écriture, le corps des femmes et le corps social, et invente des façons (individuelles et collectives ; textuelles et corporelles) de devenir inappropriable dont l’enjeu saute de la littérature au réel dans la redistribution du visible que génère la révolution féministe qui crie « ahora sí nos ven ».