Thèse soutenue

Expliquer la survie : la hiérarchie de la persécution et les Juifs du département de Vaucluse, 1933-1945

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Auteur / Autrice : Adrien Dallaire
Direction : Claire ZalcJan Grabowski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire des mondes modernes et contemporain
Date : Soutenance le 29/10/2019
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE) en cotutelle avec Université d'Ottawa
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'histoire moderne et contemporaine (Paris ; 1978-....)
Établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Richard Connors
Examinateurs / Examinatrices : Claire Zalc, Jan Grabowski, Richard Connors, Frédéric Monier, Pierre Anctil, Audrey Kichelewski
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Monier, Pierre Anctil

Mots clés

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Résumé

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La survie des trois quarts des Juifs de France lors de la Shoah fait depuis longtemps l'objet de débats entre historiens. Après la guerre, certains hauts dirigeants de Vichy tentèrent de présenter leur rôle dans la persécution des Juifs sous le meilleur jour possible et furent parmi les premiers à articuler ce qui devint la « théorie du bouclier ». Le régime de Vichy, affirmait-t-on, servit de bouclier contre le pire des exigences allemandes à l'égard des Juifs, ce qui permit d'épargner des milliers de Juifs—et, en particulier, ceux d'origine française—de la mort. Cette thèse fut ultérieurement reprise par certains des plus éminents chercheurs dans le domaine, qui tendaient à se rallier à l'un de ces principaux arguments : la « dichotomie franco-étrangère », l'idée selon laquelle les autorités de Vichy sacrifièrent de manière pragmatique les Juifs étrangers afin de préserver les Israélites de souche. Cette thèse de doctorat remet en question ce qui est devenu la manière de concevoir la Shoah en France, en examinant la vie des Juifs d'un département rural au sud-est du pays à travers le prisme de la prosopographie quantitative. Elle soutient que, en raison de ses appels répétés à la « dichotomie franco-étrangère », l'historiographie a surestimé l'importance d'un facteur pour expliquer le sort des Juifs en France durant la guerre, en regroupant des individus fort différents en deux groupes artificiellement homogènes, qui, ce faisant, eut l'effet d'obscurcir bon nombre d'autres, plus importantes différences entre ces mêmes individus. Cette thèse montre qu'il y eut, effectivement, une hiérarchie entre les Juifs vauclusiens, quoiqu'une non seulement définie par la nationalité ou le pays d'origine. Cette hiérarchie évolua au cours de la guerre et fut par moment une de persécution ou de privilège. Au final, ce fut cette hiérarchie—et les facteurs personnels, géographiques et temporels sur lesquels elle reposait— qui permit à la majorité des 2 826 Juifs du Vaucluse de survivre à la guerre.