La clinique, laboratoire de la médecine : exploration philosophique
Auteur / Autrice : | Jean-Christophe Weber |
Direction : | Frédéric Worms |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 17/01/2019 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : République des savoirs : lettres, sciences, philosophie |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Laurie Laufer |
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Worms, Laurie Laufer, Anne-Marie Moulin, Dominique Memmi, Didier Sicard | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Marie Moulin, Dominique Memmi |
Mots clés
Résumé
La clinique médicale est le lieu d’une expérience. Son point originaire est l’expérience vécue par un malade dont le corps souffrant le conduit à s’en remettre à un autre pour lui adresser une demande. Le médecin perçoit et déchiffre des traces, corporelles et langagières, les intègre dans une construction qui mobilise imagination et entendement : une situation singulière fait l’objet d’une enquête, expérience qui entrelace tous les degrés de la connaissance, des plus sensibles aux plus théoriques. Formuler un diagnostic, proposer et conduire une thérapie : la rhétorique se mêle à la science. L’expérience experte s’acquiert par l’instruction reçue d’expérimentations particulières et répétées. Elles confrontent au réel et forcent à articuler corps et parole, savoirs et affects, besoins et désirs, traitement et soins : vulnérable comme tout agir pratique, la clinique médicale est en crise. Sont en question le statut épistémologique de la médecine, son pouvoir de gouvernement des corps et des esprits, la nature de ce qui est offert, la distribution des savoirs. La mouvance Evidence-based medicine, l’individualisation des soins, l’empowerment et les patients-experts, et tous les procédés visant à consolider la pratique risquent cependant de la fragiliser davantage. L’analyse critique de la clinique et des apories qui la traversent conduit à en ressaisir les lignes de force, à revenir à ses racines : la médecine est une tekhnē, qui suppose pour s’exercer un jugement réfléchissant, un raisonnement pratique, une esthésie élargie, la science impersonnelle et l’attention délicate au particulier. En l’abordant sous les angles de l’esthétique, de l’érotique et de l’éthique de ses vertus, la thèse dégage les coordonnées fondamentales d’une clinique qui apparaît comme le laboratoire véritable de la médecine.