Sortir de la caverne, entrer dans la grotte : étude épistémologique sur l’art paléolithique et la préhistoire, au carrefour des sciences naturelles et humaines
Auteur / Autrice : | Ségolène Lepiller |
Direction : | Francis Wolff, Denis Vialou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 05/06/2019 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : École normale supérieure (Paris ; 1985-....). Département de philosophie |
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Daniel Andler |
Examinateurs / Examinatrices : Francis Wolff, Denis Vialou, Daniel Andler, Anouk Barberousse, Étienne Bimbenet, Carole Fritz, Nathalie Richard, Wiktor Stoczkowski | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anouk Barberousse, Étienne Bimbenet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’entreprise philosophique est traditionnellement associée depuis Platon à la sortie de la caverne. Nous nous proposons ici d’adopter l’itinéraire inverse, en interrogeant philosophiquement les grottes et les éléments de mobilier ornés par les hommes qui ont vécu en Europe avant la fin de la dernière glaciation. Cet objet singulier invite d’abord à réfléchir sur la définition de la science préhistorique, qui ne peut être assimilée à l’étude de ce qui précède l’histoire, et sur l’unité de ce qui a été nommé « art paléolithique ». Cependant, au-delà de ces considérations conceptuelles, il convient de prendre acte du double défi dont a été porteuse la découverte de cet art au XIXème siècle. Elle a en effet permis de questionner, d’une part l’identité et l’origine de l’homme, et d’autre part l’unité de la discipline préhistorique, ainsi que sa place dans le champ des sciences. Concernant le premier point, si les interrogations autour de l’existence de l’homme fossile avaient progressivement permis, au fil du XIXème siècle, de le penser contemporain d’espèces animales disparues, la découverte de ses œuvres artistiques, initialement controversée, a fait apparaître ses aptitudes esthétiques, ses capacités spirituelles, et finalement sa pleine humanité. Pour ce qui est de la seconde question, l’art paléolithique a radicalisé et rendu tangible la situation instable des études préhistoriques, au carrefour de plusieurs sciences à la fois naturelles et humaines. L’analyse des discours et des pratiques des préhistoriens montre ainsi que ce terrain de recherche peut être considéré comme un laboratoire où se rencontrent différents modèles scientifiques. Cependant, la conception de l’homme et de la science véhiculée par la préhistoire s’est trouvée, dans les dernières décennies du XXème siècle, remise en question par de nouveaux paradigmes d’anthropologie naturalisée. À l’intersection des sciences naturelles et des sciences humaines, les études portant sur l’art paléolithique s’avèrent ainsi offrir un poste d’observation privilégié sur les rapports entre plusieurs manières de voir le monde, de comprendre l’homme, et de définir les principes de la science.