L’objectivation comptable de l’économie nationale : Enquête sur la fabrique du PIB et des comptes nationaux français.
Auteur / Autrice : | Quentin Dufour |
Direction : | Dominique Méda, Alexandre Mallard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 27/11/2019 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale SDOSE (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences SOciales (Paris) - Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales / IRISSO |
établissement de préparation de la thèse : Université Paris Dauphine-PSL (1968-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Didier |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Méda, Alexandre Mallard, Emmanuel Didier, Florence Jany-Catrice, Gwenaële Rot, Paul N. Edwards | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Jany-Catrice, Gwenaële Rot |
Résumé
Les comptes nationaux, dont l’indicateur du PIB, constituent la représentation de l’économie nationale la plus partagée et la plus légitime. Fabriqués en France au sein d’une entité ministérielle — le département des comptes nationaux de l’Insee — ils véhiculent une conception de l’économie évolutive (on appelle « croissance » les variations de l’économie dans le temps) et globale (l’ensemble de la production française exprimée en monnaie). Une fois rendus publics, ils sont marqués par une forme d’objectivité comptable : pour la majorité de ses usagers, et en dépit de nombreuses critiques, la représentation comptable de l’économie est appréhendée comme un objet solide et indiscutable, une connaissance de référence sur la réalité macroéconomique. Fondée sur une enquête ethnographique de neuf mois au sein du département des comptes nationaux, la thèse analyse la fabrique de cette objectivité comptable de l’économie. Au croisement de la sociologie de la quantification, de la sociologie des sciences, et de la sociologie de l’activité, elle interroge la manière dont le département des comptes produit et stabilise une connaissance partagée et de référence sur l’économie nationale. La thèse décrit le département comme une organisation structurée autour d’une activité qui, répartie entre différentes équipes, est envisagée comme un travail d’articulation de catégories comptables et de données, principalement issues de l’appareil statistique français. Loin d’un remplissage machinal de tableaux comptables, l’activité comptable témoigne d’une véritable intervention sur les données, pour les apparier au cadre comptable : l’identification, la collecte, la mise au format, la totalisation, l’arbitrage, la stabilisation, la mise en récit, les itérations, sont autant d’opérations déployées qui participent de la prise de consistance d’une représentation de l’économie. La thèse montre que le caractère global et évolutif de l’économie n’a rien d’évident, mais doit au contraire être produit au jour le jour. Son existence sous la forme d’un système global de relations, de même que sa capacité à varier au cours du temps, est le résultat de l’activité comptable. L’économie nationale, telle que nous la connaissons à travers les comptes nationaux, constitue ainsi un mode d’objectivation possible, et relativement singulier, de l’économie.