Le corps de la maternité à l'épreuve de la volonté, vers un nouveau mythe enfanté de la Maternité : contribution à une herméneutique du mythe de la Maternité d’hier à nos jours (à l’ère néolibérale des nouvelles techniques de procréation médicalement assistée PMA, GPA, jusqu’à la perspective de l’utérus artificiel) : quelles représentations du corps et de la volonté sont en gestation ? : quelles sont les conséquences engendrées pour demain ?
Auteur / Autrice : | Laura Lange |
Direction : | Chantal Delsol |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie pratique |
Date : | Soutenance le 02/10/2019 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (Créteil) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Jacques Wunenburger |
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Delsol, Joanna Nowicki, Éric Fiat | |
Rapporteur / Rapporteuse : Joanna Nowicki |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
En raison (ou déraison) d’une différence de nature soumettant traditionnellement le féminin au masculin, la distinction de genre incarne le socle historique sur lequel repose tout l’ordre symbolique de notre civilisation occidentale patriarcale. Contrairement à l’homme, dont le devenir est lié à la conquête (lui, produit), le devenir de la femme est d’être mère (elle, reproduit). Ce qui fait tout entier corps avec son corps et marque l’écart avec l’esprit et la volonté. Car contrairement à la paternité, la maternité relève du corps. Si la volonté fait le père, le corps fait la mère (d’où l’adage traditionnel : « Mater semper certa est. Pater est semper incertus »). Une affiliation femme-mère-corps que vont vivement remettre en question la modernité, et plus encore, la postmodernité puis l’hypermodernité, en raison des évolutions techniques, scientifiques, médicales, du contexte économique, politique et social ainsi que des revendications féministes et existentialistes qui y voient le jour. Désormais, à l’instar du masculin, l’identité féminine va progressivement se distinguer du corps de la maternité (et de ce qui s’apparentait à une essence maternelle), au profit de l’esprit, de la volonté, de la liberté, du choix, de l’existence ! Le projet de ce travail sera donc d’étudier les enjeux de la révolution maternelle opérée au cours de l’histoire, et du malaise définitionnel maternel enfanté. Il s’agira de parcourir l’évolution du mythe de la Maternité d’hier à aujourd’hui, au sein d’un monde néolibéral en pleine mutation provoquant plus que jamais à repenser le corps de la maternité à l’épreuve de la volonté. Un monde où naissent de nouvelles techniques de procréation médicalement assistée (PMA). Où, bien que la législation française définisse encore la maternité par le corps (maintenant le principe juridique « Mater semper certa est »), la possible légalisation de la gestation pour autrui (GPA) amène à s'interroger sur l'avenir de cette définition ainsi que son champ d'extension possible. Où la perspective d’une maternité sans corps prend corps, à l’instar de l’utérus artificiel. De quoi nous interroger sur cette « ovation » de l'esprit ou de la volonté dans notre société, au détriment du corps et de son vécu, et interroger les conséquences engendrées pour l’avenir, pour le meilleur et pour le pire. Car dans ce contexte complexe, ne court-on pas désormais le risque de perdre un ultime point de repère : le corps de la mère ? Or, s’il est une certitude (du moins encore jusqu’alors), un point commun universel qui rassemble et transcende tout un chacun, c’est que nous venons tous du corps d’une femme par laquelle on naît et est : notre mère de corps, à l’origine à la fois de notre chair et de notre ancrage sur Terre (à noter qu’en mythologie, la mère c’est aussi la Terre-Mère, la Mère Nature, en somme ce qui est à l’origine, à la source). C’est pourquoi le mythe de la Maternité nous apparaîtra aller bien au-delà de la seule problématique du corps, de la femme, de la mère pour rejoindre celle, plus globale, de l’Homme et de son ancrage au monde. Ainsi, du mal de Terre ambiant au mal de Mère naissant, et s’il n’y avait qu’un pas… à ne « pas » franchir, pour le meilleur et pour le vivre