Thèse soutenue

Physiopathologie et traitement de la fatigue dans la sclérose en plaques

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Auteur / Autrice : Moussa Chalah
Direction : Jean-Pascal LefaucheurSamar Ayache
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neuroscience
Date : Soutenance le 22/11/2019
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre hospitalier universitaire Henri Mondor (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Veit Mylius
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pascal Lefaucheur, Samar Ayache, Ulrich Palm, Hervé Devanne
Rapporteurs / Rapporteuses : Ulrich Palm

Résumé

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La fatigue est un symptôme fréquent chez les patients atteints de sclérose en plaques (SEP). Malgré la gravité de ce symptôme, sa physiopathologie demeure vague et ses traitements sont insatisfaisants dans la majorité des cas. L’objectif de ce travail était de comprendre les mécanismes sous-jacents de la fatigue liée à la SEP, et tester les effets de la stimulation électrique transcrânienne (tDCS) sur ce symptôme. Dans une première étude (revue de littérature), on a analysé les données disponibles sur la physiopathologie de la fatigue dans la SEP, et on a identifié une boucle cortico-striato-thalamo-corticale associée à ce symptôme. On a trouvé que, sur le plan neuropsychologique, les symptômes affectifs sont les corrélats les plus pertinents. Cependant, les corrélats neurophysiologiques de ce symptôme sont peu étudiés et une discordance existe dans la littérature quant aux résultats rapportés par les divers travaux. Ensuite, dans une deuxième étude, on a effectué une évaluation physiopathologique de la fatigue chez 38 patients atteints de SEP. Les patients fatigués avaient, par rapport à ceux non fatigués, une symptomatologie affective plus prononcée, une inhibition intracorticale plus élevée et des anomalies cortico-sous-corticales touchant les noyaux caudés et le cortex pariétal. Les résultats neuropsychologiques de ce travail suggèrent des mécanismes sous-jacents communs ainsi que des relations bidirectionnelles entre la fatigue et les symptômes affectifs. Les résultats neurophysiologiques reflètent des processus de plasticité mal adaptative à l’origine de la fatigue. Les résultats radiologiques soutiennent la présence d’une boucle cortico-sous-corticale à la base de la perception de la fatigue dans la SEP. Dans une troisième étude, on s’est intéressé à étudier, chez 27 patients, la neurophysiologie des symptômes affectifs associés à la fatigue dans la SEP. Une association significative a été observée entre l'alexithymie et la période de silence corticale. Les résultats mettent en évidence la relation entre l'alexithymie et une transmission gabaergique défectueuse, et concordent avec des travaux antérieurs réalisés chez des sujets sains et des patients souffrant de troubles de la personnalité. Dans une quatrième étude, on a effectué une revue de la littérature sur la place de la tDCS dans le traitement de la fatigue de la SEP, et on a identifié quelques travaux qui ont rapporté des résultats prometteurs obtenus en réponse à une stimulation anodique des régions sensorimotrices. Ensuite, dans une cinquième étude, on a évalué la place de la tDCS anodique préfrontale gauche ou pariétale droite dans le traitement de la fatigue liée à la SEP. 10 patients fatigués atteints de SEP ont été inclus dans une étude croisée randomisée contrôlée en double aveugle (stimulation anodique réelle ou placebo ciblant le cortex préfrontal gauche ou pariétal droit). Seule la stimulation active préfrontale gauche s’est avérée efficace sur la fatigue. Enfin, du fait de la possibilité de prolonger et de potentialiser les effets en multipliant les séances de stimulation, on a appliqué dans une dernière étude, 14-19 séances de tDCS anodique préfrontale gauche chez deux patients ; cette intervention a permis de maintenir, sur plusieurs semaines, les effets bénéfiques de la tDCS sur la fatigue et améliorer d’autres mesures cognitives et affectives. Compte tenu du caractère handicapant de la SEP, des projets futurs pourraient tester l’application de la tDCS à domicile, avec un outil de stimulation bien sécurisé et un contrôle technique supervisé à distance afin de s’assurer du bon déroulement des séances et maximiser les bénéfices. Aussi, un couplage de la tDCS à des techniques de psychothérapie, notamment la thérapie cognitivo-comportementale, semble avoir une place dans l’arsenal thérapeutique de ce symptôme et mérite d’être évalué dans l’avenir proche.