Thèse soutenue

Entre radicalisation violente et islamophobie : L’expérience comparée d'étudiants musulmans engagés au sein d'Étudiants Musulmans de France (EMF) et de Federation of Students Islamic Societies (FOSIS) en Grande-Bretagne (2005 – 2015)

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Auteur / Autrice : Mebarka Kassam
Direction : Didier Lassalle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures étrangères
Date : Soutenance le 20/06/2019
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des mondes anglophone, germanique et roman (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Eléonore Kofman
Examinateurs / Examinatrices : Didier Lassalle, Nacira Guénif Souilamas
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Binard, Romain Garbaye

Résumé

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La comparaison du discours de jeunes citoyens français et britanniques de confession musulmane issus de l’immigration postcoloniale et engagés au sein d’Etudiants musulmans de France et des Islamic Societies dans un contexte de lutte internationale contre le terrorisme et d’islamophobie a fait émerger un discours alternatif identique aux deux groupes. Celui-ci s’est inscrit dans le processus d’institutionnalisation de l’islam de l’entre-deux-guerres à la période contemporaine pour retracer l’évolution de la constitution des communautés musulmanes dans les deux pays et le processus de racialisation de l’identité islamique.En considérant les différences entre les systèmes étatiques français et britanniques, notamment les politiques d’immigration et d’intégration, cette thèse a cherché à démontrer les similitudes quant au traitement des populations issues des colonies françaises et britanniques, depuis la présence des soldats, étudiants et travailleurs immigrés de la Première Guerre mondiale au regroupement familial dans les années 1960-1970, à l’émergence sur la scène politique des générations suivantes dans les années 1980, à la criminalisation des jeunes de confession musulmane dans la lutte contre la radicalisation violente à partir de 2005. L’analogie entre les deux pays dans la gestion d’une population issue des colonies est particulièrement lisible dans le processus de gouvernance racialisé des jeunes de confession musulmane à l’ère sécuritaire et de l’islamophobie décomplexée. Les figures du jeune potentiel terroriste et de la fille voilée sont depuis le 11 septembre au cœur des débats sur l’identité nationale, les valeurs françaises et britanniques et l’égalité des sexes, tandis que les communautés musulmanes sont érigées en communautés suspectes. La focalisation dans ce travail sur l’expérience comparée et les subjectivités des étudiants enquêtés a tendu à démontrer comment leurs constructions identitaires, au croisement de la classe, de la race et du genre, brouillent les frontières établies des appartenances ethniques, sociales et culturelles pour faire place à des identifications et des représentations multiples transcendant les représentations établies. C’est à l’interstice de différents espaces (local, national, international) dans un monde globalisé qu’a émergé un discours alternatif au discours homogénéisant et essentialisant des identités musulmanes.