Thèse soutenue

La transformation du paramilitarisme au Guatemala, au Pérou et en Colombie : une perspective comparée

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Auteur / Autrice : María Andrea Garcia Ruiz
Direction : Stephen Launay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Politiques
Date : Soutenance le 05/07/2019
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (Créteil) - Laboratoire Interdisciplinaire d'Etude du Politique Hannah Arendt Paris-Est / LIPHA
Jury : Président / Présidente : Sergiu Mişcoiu
Examinateurs / Examinatrices : Stephen Launay, Jérôme Roudier
Rapporteur / Rapporteuse : Alexander González-Chavarría

Résumé

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Dans les conflits armés du Guatemala, du Pérou et de Colombie, des groupes paramilitaires ont été créés afin de lutter contre les guérillas et aussi d’empêcher la mobilisation des secteurs sociaux intéressés à transformer l’ordre social établi. Dans ces pays, différentes circonstances ont mené à la désactivation officielle des structures paramilitaires.Les groupes paramilitaires du Guatemala (PAC) ont été créés par l’État au début des années 80 et ont été officiellement démobilisés en 1996, après la signature des accords de paix entre le gouvernement et la guérilla URNG. Au Pérou, les rondes paysannes ont été créées dans la cordillère sud-centrale au cours des années 1980. En 2003, après la chute du Fujimori, l’État péruvien cesse de motiver l’organisation de ces groupes. En Colombie, les groupes paramilitaires ont été promus pendant les années 80 par différents acteurs, parmi lesquels figuraient les élites régionales, l’armée et les narcotrafiquants. En 2003, ces groupes armés ont signé un accord de paix avec le gouvernement du président Uribe, dans lequel ils s’engagent à remettre les armes et à commencer un processus progressif de démobilisation.Même si au Guatemala, au Pérou et en Colombie, des processus pour désactiver les groupes paramilitaires ont été mis en place, ceux-ci continuent d’exister. Ainsi, il est pertinent de se demander si ces structures sont encore une forme de paramilitarisme et d’identifier les raisons pour lesquelles elles sont toujours présentes. En vue de répondre à cette question, l’objectif principal de recherche est d’analyser depuis une perspective comparative les processus de transformation des PAC, des rondes paysannes et des paramilitaires colombiens à partir du moment où les États respectifs prennent la décision officielle de désactiver ces groupes. Ce travail est développé en trois chapitres.Le premier chapitre compare l’émergence des groupes paramilitaires étudiés. A partir de cette perspective comparative et en utilisant certains éléments des approches systémique et structurelle fonctionnaliste, nous élaborons une conceptualisation théorique du phénomène paramilitaire. Selon cette conceptualisation, la fonction principale du paramilitarisme dans les trois cas d’étude est la protection de l’ordre social menacé.Le deuxième chapitre étudie les processus qui ont conduit à la désactivation officielle du paramilitarisme dans les trois pays analysés. À cette fin, nous comparons les conditions dans lesquelles se sont terminés les conflits armés respectifs, le contexte où chaque État a pris la décision de désactiver le paramilitarisme et les processus de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration (DDR).Le troisième chapitre compare la transformation des PAC, des rondes paysannes et des paramilitaires colombiens après leur désactivation officielle.La recherche se base sur la méthode comparative. Pour chaque chapitre, des variables de comparaison sont construites. Les sources d’information principales sont, premièrement, une révision bibliographique sur la conceptualisation théorique du paramilitarisme, les conflits armés et l’origine et l’évolution des PAC, des rondes paysannes et des paramilitaires colombiens. Deuxièmement, l’analyse des caractéristiques actuelles des groupes étudiés se base principalement sur une étude de presse on line.L’analyse comparative de l’émergence du paramilitarisme au Guatemala, au Pérou et en Colombie permet de conclure que l’existence d’un ordre social perçu comme menacé est à l’origine de la création de structures armées dont la fonction principale n’est pas de lutter contre la guérilla, mais la protection de cet ordre social. En conséquence, la persistance d’un contexte dans lequel l’ordre social ou le statu quo sont toujours considérés en danger est l’élément qui explique la poursuite du paramilitarisme. Ainsi, les structures qui existent actuellement au Guatemala et en Colombie sont, en effet, une forme de paramilitarisme, à la différence du Pérou.