Thèse soutenue

Les bâtisseurs de ruines : l’architecture, le pouvoir et le temps à l’aube de la Révolution Néolithique (Levant, Précéramique)

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Auteur / Autrice : Rémi Hadad
Direction : Catherine Perlès
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 20/12/2019
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Préhistoire et Technologie (Nanterre ; 1999-2021)
Jury : Président / Présidente : Valentine Roux
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Perlès, Valentine Roux, Frédéric Keck, Alain Schnapp, Miguel Molist-Montana, Charles Stépanoff
Rapporteur / Rapporteuse : Frédéric Keck, Alain Schnapp

Résumé

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Au sortir du dernier âge glaciaire, l’émergence de la sédentarité au Levant s’accompagna de l’essor d’une monumentalité précoce. Dès la fin du Xe millénaire à Göbekli Tepe, Jéricho et sur d’autres sites « précéramiques », cette architecture collective, massive, au symbolisme parfois baroque, joua un rôle central dans l’élaboration de nouvelles modalités de l’habiter. Mais parce qu’elle suggère, avant même l’instauration d’une économie agropastorale, une organisation plus complexe qu’escomptée, cette monumentalité vient également contrarier la quête archéologique d’une progression linéaire des systèmes sociopolitiques. À rebours de ces lectures évolutionnistes — ou de leur renversement de circonstance — cette thèse aborde ce phénomène pour lui-même. À partir d’une analyse anthropologique des pratiques architecturales, elle met en évidence la mise en oeuvre d’un rapport au temps et au territoire qui caractérise ce premier Néolithique jusqu’aux célèbres réalisations de Çatalhöyük, au VIIe millénaire. Construits selon une grammaire récurrente, rituellement détruits pour être préservés au sein des tells qui se forment alors sous les établissements, ces bâtiments concentrent en effet certains des principes politiques, mémoriels et écologiques qui structurent ces contextes dans la durée. Dès lors, les impressionnantes ruines qui ponctuent la période apparaissent moins comme les vestiges d’un passé impartial que comme l’expression d’une historicité propre. Si la démarche est essentielle pour comprendre les collectifs responsables de la domestication des plantes et des animaux au début de l’Holocène, elle offre aussi l’occasion d’une réflexion sur les liens entre anthropologie, archéologie et architecture.