Thèse soutenue

Culture et politique dans l’Ouzbékistan soviétique de la Grande Terreur au Dégel (1937-1956) : l’Union des Écrivains de la RSS d’Ouzbékistan, une expérience de cogestion du pouvoir et de construction des imaginaires politiques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Benjamin Quénu
Direction : Didier Musiedlak
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 24/05/2019
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Olivier Dard
Examinateurs / Examinatrices : Didier Musiedlak, Olivier Dard, Cécile Vaissié, Stéphane A. Dudoignon
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Vaissié, Stéphane A. Dudoignon

Résumé

FR  |  
EN

La présente thèse explore les relations entre culture et politique à travers l’histoire de l’Union des Écrivains de la RSS d’Ouzbékistan et des destinées des écrivains qui l’ont composée, durant le second stalinisme. Placée sous l’angle d’une cogestion du pouvoir, elle s’efforce de restituer les conditions de production de la littérature, les rapports de pouvoir entre institutions et le rôle public de l’écrivain au lendemain de la Grande Terreur de 1937-38, qui voit la décimation des élites intellectuelles, et plus spécifiquement des réformistes musulmans. Ainsi, elle montre comment les écrivains survivants tentent de restaurer une continuité en littérature, y compris dans leurs productions de propagande. Elle met ensuite en lumière le rôle du second conflit mondial dans le renforcement du pouvoir de l’Union des Écrivains de la RSS alors que Tachkent devient un centre culturel et industriel majeur à la faveur de l’évacuation. Les écrivains peuvent dès lors nationaliser et resémantiser les imaginaires politiques, au point de donner naissance à une culture hybride qui dépasse le projet stalinien de « culture nationale par sa forme, soviétique par son contenu ». Enfin, elle s’attache à caractériser le stalinisme finissant au travers des réinterprétations locales des grandes politiques de répression et d’ingérence du champ politique dans le culturel de 1945 à 1953. Par l’analyse des conflits entre les différents acteurs et des jeux de faction, elle restitue le caractère très singulier de cette période, entre nationalisation accrue des imaginaires et reprise en main par le centre d’un territoire et d’institutions trop autonomes, alors que s’affirme à l’échelle soviétique le primat de la culture russe. L’étude se clôt par la résolution de ces tensions dans l’usage de la terreur et la suspension temporaire de la nationalisation du champ culturel, rapidement restaurée avec le Dégel.