Thèse soutenue

Les sens de la liberté d’expression : socio-anthropologie comparative des campus de Berkeley et de Nanterre : appropriations, retournements, récupérations, recompositions et prolongements des mémoires collectives du Free Speech Movement de 1964 et du Mouvement du 22 Mars de 1968
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Auteur / Autrice : Simon Ridley
Direction : Anne Raulin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 08/02/2019
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...)
Jury : Président / Présidente : Christian Laval
Examinateurs / Examinatrices : Christian Laval, Matei Candea, Minoo Moallem, Caroline Rolland-Diamond, Christian Topalov
Rapporteurs / Rapporteuses : Matei Candea, Minoo Moallem

Résumé

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L’université est une des institutions les plus fortes de l’époque moderne. Lieu d’élection de la contestation, elle peut se retrouver à présent la cible d’attaques sans précédent de l’extrême droite, en particulier aux Etats-Unis. Cette thèse vise à suivre un conflit de définition par le biais d’une ethnographie multisituée, avec comme terrain de recherche la liberté d’expression sur les campus universitaires. En partant d’une sociologie historique comparative du Free Speech Movement de 1964 à Berkeley et du Mouvement du 22 Mars de 1968 à Nanterre, une approche socio-anthropologique permet d’examiner une dualisation des mémoires collectives des mouvements étudiants des années 1960. Suivant une démarche inductive, je voyage avec mon terrain dont l’étude inclut une immersion au sein de plusieurs groupes révolutionnaires, l’observation des rites commémoratifs, des attentats, d’une diversité de pratiques autonomes, et s’étend jusqu’à l’inauguration de Trump et le retournement de la liberté d’expression par des groupes d’extrême droite, la montée en puissance de l’alt-right et ses spectacles/meetings sur les campus, provoquant une série d’émeutes urbaines. La contextualisation systématique et radicale, la pratique et la généalogie de l’archive, le savoir vécu, alliés à une approche comparatiste latérale, engagent à un travail historique sur l’institution universitaire. À rebours des thèses du capital humain, de la démocratie comme libre marché des idées, je retrace la question de l’émancipation, suivant la création d’une « génération civique » après 1944, jusqu’à son retournement numérique. Cette ethnographie politique incite à (re)penser la sociologie et la pédagogie critique comme contre-discours face à une culture anti-intellectuelle, pour rendre possible une culture commune de l’intelligence démocratique, un héritage choisi et réfléchi.