Thèse soutenue

L'argumentation dans le délire du Président Schreber
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Angelica Maria Franco Laverde
Direction : Bertrand Ogilvie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 30/11/2019
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoires d'études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Marcos, Emmanuelle Danblon, Paul-Laurent Assoun

Résumé

FR  |  
EN

Dans ce document, nous proposons une analyse de l’argumentation du Président Schreber que ce dernier a développé dans ses Mémoires [1903] et dans l’« Exposé des Moyens d’Appel » [1902]. Notre analyse s’inspire de la Nouvelle Rhétorique de Chaïm Perelman et de Lucie Olbrechts-Tyteca dont les thèses centrales sont consignées dans leur Traité de l’Argumentation [1958]. Les Mémoires et l’« Exposé des Moyens d’Appel » de Schreber ont été écrits sous la forme d’une structure argumentative stricte. Notre étude se veut hétérogène parce qu’elle ne traite pas les Mémoires sous l’angle d’une « psychophagie » psychanalytique ou psychiatrique. En nous tenant au plus près du récit de Schreber, nous cherchons à décrire plutôt qu’à théoriser grâce à la méthode descriptive des auteurs du Traité de l’Argumentation qui est en dehors de toute prescription normative. Les outils de la Nouvelle Rhétorique nous permettent de soutenir la thèse selon laquelle le délire de Schreber a une fonction d’adresse. C’est pourquoi nous mettons en évidence les moments d’ouverture dans le délire de Schreber particulièrement lorsque nous décrivons l’argumentation par incompatibilité et couples philosophiques. On peut observer tout au long des Mémoires un mélange étrange fait de certitude inébranlable et de doute. Pour Schreber, maints aspects de son délire ne sont que des hypothèses, des conjectures. Cela montre bien que le délire n’est pas quelque chose de statique, de fixe et de cristallisé. La Nouvelle Rhétorique nous a permis de découvrir que la thèse de l’« incorrigibilité du délire » est discutable. Dans le délire, il existe une dynamique constante mais aussi des renversements dialectiques. Par conséquent, le doute a sa place et la certitude ne règne pas de manière absolue. Certitude et doute constituent un ensemble indissociable qui rend complexe une expérience de vie comme celle du Président Schreber.