Georges Bataille, Walter Benjamin : divergences du matérialisme (1929-1939)

Georges Bataille, Walter Benjamin : divergences in matérialism (1929-1939)

• Auteur / Autrice : Ana Scrivener Samardzija
• Direction : Catherine Perret
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Esthétique
• Date : Soutenance le 14/12/2019
• Etablissement(s) : Paris 8
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Esthétique, sciences et technologie des arts (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Arts des images et art contemporain
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Antonia Birnbaum, Jacques-Olivier Bégot
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Michel Besnier, Marie-Christine Lala

Mots clés

Mots clés contrôlés

Surréalisme

Benjamin, Walter (1892-1940)

Critique et interprétation

Bataille, Georges (1897-1962)

Matérialisme

Mots clés libres

Matérialisme

Surréalisme

Image

Corps

Technique

Hétérologie

Esthétisation

Fascisme

Materialism

Surrealism

Image

Body

Affect

To master

Convulsion

Incorporation

Résumé

Bataille et Benjamin se rencontrent en 1934, à la Bibliothèque nationale à Paris. Leurs écrits de la période 1929-1939 témoignent de la manière dont leurs pensées répondent à la contrainte du présent, avec sa conflictualité et son inventivité politiques et artistiques. Trois événements structurent la thèse : la parution du roman de Malraux, La Condition humaine ; la proximité tendue avec le surréalisme, comme expérience d’illumination ou d’intoxication physique par l’image ; la confrontation avec le fascisme, en tant que force politique à combattre, mais aussi en tant que forme de pensée et de sensibilité qu’il s’agit de comprendre pour en venir à bout. Bataille et Benjamin appréhendent leurs attitudes de pensée comme relevant du matérialisme, partageant un postulat crucial : ils prêtent la plus haute importance aux images, qui affectent les corps et agissent en eux, ne se laissant pas évacuer de la pensée conceptuelle et de l’action politique. Leurs reconfigurations matérialistes de l’expérience surréaliste permettent d’envisager un plan de recoupement entre leurs regards : un matérialisme surréaliste. Une divergence tranchante se révèle dans la tension entre l’hétérologie bataillienne et le concept critique benjaminien de l’esthétisation de la politique, alors que ces deux dispositifs sont convoqués pour penser le fascisme. Si les deux montrent comment l’imaginaire fasciste s’ancre dans la structure impérialiste du capitalisme, Benjamin permet de penser la spécificité de l’opération théorique dont le fascisme s’alimente, alors que le prisme de l’hétérologie permet à Bataille de toucher au plus près à ce en quoi il pouvait constituer une force d’attraction collective.

In 1934, Bataille and Benjamin met in the Bibliothèque nationale, Paris. Their writings from the period of 1929 to 1939 show how their thoughts responded to the constraints and the impulses of their present time, its conflicts and its inventiveness in arts and politics. Three events have structured our dissertation: the publication of the novel Man’s Fate (La Condition humaine) by Malraux; their proximity to surrealism as an experience of illumination or intoxication with the image; the confrontation with fascism, as a political force to be fought against, but also as a form of thinking and sensibility that should be understood in order to be vanquished. Both Bataille and Benjamin claimed that their intellectual attitudes belonged to materialism, sharing this crucial postulate: they place a high importance upon images, how they affect bodies, acting within them, that cannot be evinced from conceptual thinking and political action. Both thinkers play out a materialist reconfiguration of surrealist experience. This enables us to envisage a prism of a surrealist materialism, as an intersection between their respective insights. Furthermore, by studying both authors attempt to think fascism, this work reveals a sharp divergence between bataillien heterology and the benjaminien concept of the aestheticisation of politics. Both these conceptual devices show how the fascist imaginary is rooted in the imperialist structure of capitalism; Benjamin allows us to grasp the specificity of the crucial theoretical operation that fascism feeds upon, while Bataille’s heterological prism opens the way to the core of what, in fascism, constituted a force of collective attraction.