Le concept d’aliénation dans le marxisme : le cas d’Haïti (1946-1986)
Auteur / Autrice : | Jean-Jacques Cadet |
Direction : | Patrice Vermeren |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 03/06/2019 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoires d'études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Michael Löwy, Martín Cortés, Matthieu Renault, Nadia Yala Kisukidi |
Rapporteur / Rapporteuse : Edelyn Dorismond |
Mots clés
Résumé
Notre recherche doctorale démontre l’orientation anticolonialiste de la pensée marxiste haïtienne en s’appuyant sur ses deux principales sources : la négritude et la théorie de la dépendance. Cette orientation s’inscrit dans les luttes intellectuelles des haïtiens du XIXème siècle (Hannibal Price, Joseph Anténor Firmin et Louis-Joseph Janvier) contre l’Occident raciste. Notre objectif consiste à expliquer l’appropriation haïtienne du concept d’aliénation élaborée dans une confrontation avec la tradition philosophique européenne, tout en réinvestissant la question coloniale. L’étude des discours des marxistes haïtiens du milieu du XXème siècle (Étienne Charlier, Jacques Stephen Alexis, René Depestre, Gérard Pierre-Charles, Michel Hector et Yves Montas) révèle un écart avec l’épistémologie occidentale marquée par un certain eurocentrisme. En relisant les approches des « marxistes occidentaux » (Henri Lefebvre, les penseurs de l’École de Francfort et Louis Althusser), les penseurs marxistes haïtiens élaborent un nouveau concept d’aliénation ancré dans l’histoire de l’oppression coloniale et soutiennent la nature dépendante de la formation sociale haïtienne. L’enjeu est de saisir les limites de la conceptualisation haïtienne du marxisme face à une certaine tradition européenne dominante refoulant la question coloniale. Les tensions existant entre cette pensée marxiste haïtienne et les deux courants anticolonialistes (la négritude et la théorie de la dépendance) signalent un malaise théorique lié au projet de rupture avec les productions occidentales. Ce qui revient à conclure que cette orientation anticolonialiste de cette pensée reste prise dans l’ornière de la rationalité moderne et, ainsi, n’arrive pas à penser sa décolonialité.